Syrie, le massacre se poursuit

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avec AFP , modifié à
Les membres de l'ONU n'arrivent pas à se mettre d'accord sur une résolution contre al-Assad.

Réveil difficile en Syrie samedi matin. Les forces syriennes appuyées par des hélicoptères ont tué au moins 25 civils lors d'énormes manifestations hostiles au régime vendredi à travers le pays, particulièrement dans le nord-ouest cible d'opérations brutales de l'armée. Près de trois mois après le début de la révolte et en dépit des sanctions et des protestations internationales, Bachar al-Assad paraît déterminé à mater dans le sang toute contestation.

Alors que les 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU divergent sur l'opportunité d'une résolution condamnant cette répression, les Etats-Unis ont souligné la nécessité "de bâtir une pression internationale" pour forcer le président syrien, qui a succédé au pouvoir à son père Hafez al-Assad décédé il y a 11 ans jour pour jour, à cesser la violence. "Ce qui compte, c'est de lui faire comprendre que la pression s'accroît face à ses actes", a-t-il dit, après que le secrétaire américain à la Défense Robert Gates eut remis en cause "la légitimité" du président syrien. La Russie, qui a un droit de veto à l'ONU, est contre une résolution sur la Syrie où la répression a fait plus de 1.200 morts et entraîné l'arrestation d'au moins 10.000 personnes et la fuite de milliers d'autres depuis le 15 mars, selon des ONG.

Des tireurs embusqués

La répression a été particulièrement violente dans la localité de Maaret al-Nouman, proche de celle de Jisr al-Choughour dans le gouvernorat d'Idleb, au nord-ouest, où au moins 10 civils ont été tués par les troupes qui ont tiré des dizaines de milliers de manifestants, selon des témoins et des militants. Un onzième est mort dans un village avoisinant, ont-ils précisé. Le père de l'un des manifestants tués a affirmé à l'AFP que son fils avait été "touché à la poitrine par un tireur embusqué".

Il a affirmé ainsi que d'autres militants sur place que des hélicoptères de l'armée avaient tiré sur la foule. "Les hélicoptères bombardent la ville", a affirmé l'un d'eux. Selon le chef de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel-Rahmane, les manifestants à Maaret al-Nouman ont réussi à prendre le contrôle d'une station de police après la fuite des forces de sécurité. Des hélicoptères sont ensuite intervenus pour tirer sur le bâtiment, a-t-il dit.

L'Etat accuse des "gangs armés"

La télévision d'Etat a, elle, fait état d'une attaque "de groupes terroristes armés contre un QG de la sécurité", les autorités accusant depuis le début de la révolte des "gangs armés" d'être à l'origine des troubles. En raison des restrictions imposées par le régime, les journalistes ne peuvent circuler librement et les informations sont difficiles à confirmer de source indépendante.

Le scénario à Maaret al-Nouman rappelle celui en début de semaine de Jisr al-Choughour, ville meurtrie de la même région, quasi-désertée par ses 50.000 habitants après des violences qui, selon Damas, ont fait 120 morts parmi les policiers. Les opposants ont attribué ces décès à une mutinerie à leur QG.

Des milliers de réfugiés

Alors que la Turquie a décidé de garder les frontières ouvertes, des milliers de Syriens, dont beaucoup originaires de Jisr al-Choughour, s'y sont réfugiés ces derniers jours. Mitraillages par hélicoptères, tirs sur les cortèges funéraires ou les ambulanciers, ils ont livré des témoignages édifiants sur les méthodes employées selon eux par le régime. Un secouriste syrien, touché d'une balle au dos alors qu'il évacuait un blessé à Jisr al-Choughour, a affirmé sur son lit d'hôpital en Turquie avoir vu "des centaines" de blessés, ainsi que "dizaines de morts, peut-être 100".