L’INFO. Des containers américains, surveillés par des satellites chinois, avec pour destination un port italien : les opérations internationales de destruction de l’arsenal chimique syrien ont quelque chose d’un épisode de James Bond. Le plan des Nations unies prévoit la destruction de 1.290 tonnes d’armes chimiques syriennes, avec un premier délai fixé à fin décembre. Les opérations ont pris du retard mais, d’après le directeur de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), l’échéance fixée à fin juin pour l’élimination de l’arsenal devrait être respectée, malgré l’intensification des combats en Syrie. Europe1.fr vous explique étape par étape comment cela va se passer.
La carte du parcours des armes chimiques :
Première étape : Lattaquié, en Syrie. Les substances chimiques sont placées dans des containers américains équipés de GPS, afin que leur trace ne puisse pas être perdue. La première partie du trajet se fait par la route, dans un convoi composé de 75 camions blindés russes, jusqu’au port de Lattaquié, sur les rives de la Méditerranée. Le tout sous l’œil des satellites chinois. Pékin a aussi fourni des caméras de surveillance et des ambulances.
Deuxième étape : Gioia Tauro, en Italie. A Lattaquié, les substances sont prises en charge par deux cargos de 500 tonnes, un danois et un norvégien. Seize tonnes d’agents chimiques ont déjà été chargées début janvier. Le chargement se fait sous surveillance des marines russe et chinoise, puis le trajet se fera sous escorte de frégates et sans doute aussi des sous-marins. Les navires mettront ensuite le cap vers la ville de Gioia Tauro, dans le sud de l’Italie. Là, les produits doivent être à nouveau transbordés, cette fois sur un navire américain, le Cape Ray, transformé en laboratoire. Ce navire immatriculé en Virginie va appareiller prochainement pour rejoindre la Méditerranée, un trajet qui durera 14 jours.
Troisième étape : les eaux internationales. C'est sur ce bateau que va se passer l'essentiel du retraitement. A bord, une trentaine de marins, soixante experts américains de la destruction des armes chimiques, ainsi que quatre ou cinq experts de l’OIAC chargés de superviser les opérations. Le retraitement par hydrolyse consiste à casser les molécules toxiques en leur ajoutant des produits basiques proches de l'eau de javel et de l’eau, le tout étant chauffé à 2.000°C. Aucun pays n’ayant souhaité accueillir cette délicate manœuvre, elle se déroulera donc dans une zone des eaux internationales, pour le moment gardée secrète, sous bonne garde militaire.
Quatrième étape : le traitement sur terre. Traitées en priorité, 700 tonnes de substances chimiques vont être transformées en 7 millions de litres d’eau sale, qui ne sera pas plus toxique que celle récupérée après le retraitement des déchets hospitaliers, selon l’OIAC. Pas question pour autant de rejeter cette eau en mer : elle sera traitée à terre. Un appel d’offres a été lancé, pour lequel l’entreprise française Veolia est déjà sur les rangs.
Veolia déjà à l’œuvre en Grande-Bretagne. Le groupe français a d’ailleurs déjà été retenu par le gouvernement britannique pour la destruction de 150 tonnes de produits chimiques provenant de Syrie sur le site d’Ellesmere Port, au sud de Liverpool, explique à Europe 1 Estelle Brachlianoff, directrice de Veolia Grande-Bretagne et Europe du Nord. Il ne s’agit pas directement d’armes chimiques mais de "précurseurs B", des produits chimiques industriels qui ne peuvent faire office d’armes neurotoxiques qu’une fois mélangés à des "précurseurs A", d’autres produits chimiques.
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