La rébellion a porté un grand coup au clan Assad mercredi. Selon la télévision d'Etat syrienne, le beau-frère du président, Assef Chaoukat, l'un des principaux responsables de la sécurité dans le pays, a été tué dans un attentat à la bombe à Damas contre un bâtiment de la Sécurité nationale, dans le quartier de Rawda. Le ministre de la Défense, Dawoud Rajha et le général Hassan Turkmani, chef de la cellule de crise mise en place pour mater la révolte, sont aussi morts.
L'Armée syrienne libre (ASL), formée de déserteurs et de civils armés, a revendiqué dans un communiqué l'attentat qui survient alors que les insurgés disent avoir lancé la "bataille pour la libération de Damas".
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D'après une source proche des services de sécurité syriens, le kamikaze auteur de l'attentat serait un garde du corps appartenant au cercle proche du pouvoir. Il aurait actionné sa charge explosive en pleine réunion de ministres et de responsables militaires et de sécurité.
Le premier cercle pro-Assad touché
Plusieurs très hauts responsables syriens ont été touchés. Le ministre de l'Intérieur, Mohammad Ibrahim al-Chaar, donné pour mort par certains médias arabes, a été blessé dans l'attentat et hospitalisé, précise la télévision syrienne. Mais son état se serait stabilisé. De source proche du pouvoir, on indique que le chef des renseignements, Hicham Bekhtyar, a également été blessé. Des médias libanais ajoutent que d'autres hauts responsables des services de sécurité ont été tués. C'est ainsi le premier cercle du pouvoir syrien qui a été touché.
Au point que la Maison Blanche envisage sérieusement l'après-Assad. "Il est évident que le régime Assad est en train de perdre le contrôle de la Syrie", a réagi le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain (NSC), Tommy Vietor, en soulignant dans un communiqué l'urgence d'une transition politique pour "éviter une guerre civile longue et sanglante".
En mai, le ministre de la Défense et celui de l'Intérieur ainsi que le général Hicham Ikhtiar, l'un des personnages clé de la répression de la révolte, avaient déjà été victimes d'une tentative d'empoisonnement. Un employé de livraison à domicile avait versé du mercure dans deux mets lors d'un repas de ces dignitaires avant de s'enfuir, selon des sources diplomatiques à Damas.
"L'attaque la plus réussie contre le régime"
Cette attaque marque un tournant dans la crise syrienne. "Cet attentat constitue d'une certaine manière l'attaque directe la plus réussie portée contre le régime", a commenté l'analyste Gala Riani, qui estime que "les prochains jours vont être cruciaux".
"A tout le moins, nous pouvons nous attendre à ce que la situation continue de se dégrader, mais je pense qu'il en faudra plus pour abattre le régime d'Assad", a cependant pondéré Gala Riani, spécialiste du Moyen-Orient pour la société de consultants Control Risk.
En finir avec les "bandes criminelles"
Dans un communiqué repris par la télévision officielle, le pouvoir syrien a affirmé que "l'attentat à la bombe terroriste" était l’œuvre de mercenaires et promis d'en finir avec les "bandes criminelles". L'état-major de l'armée syrienne a prévenu de son côté que ses troupes étaient "plus déterminées que jamais" à mettre en échec "toutes les formes de terrorismes" et à "amputer ceux qui nuisent à la sécurité nationale".
"Quiconque pense pouvoir tordre le bras de la Syrie en ciblant certains commandants se fait des illusions", souligne le communiqué de l'armée.
Fabius : "une transition politique"
Pendant ce temps, la communauté internationale a de nouveau souligné l'urgence d'une résolution alors que s'ouvrent mercredi de nouvelles discussions à l'ONU. "C'est un acte d'une extrême importance", a affirmé Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères devant les sénateurs français. "Compte tenu de ce degré de violence, cela rend d'autant plus nécessaire et urgent le fait de trouver une transition politique qui permette au peuple syrien d'avoir un gouvernement qui exprime ses aspirations profondes", a-t-il ajouté.
"J'appelle toutes les parties au sein du Conseil de sécurité de l'ONU à s'entendre sur une résolution commune", a martelé Angela Merkel, la chancelière allemande, alors que la Russie et la Chine opposent toujours leur veto. Mais une résolution, si elle arrive, se fera encore attendre: initialement prévu mercredi, le vote de la résolution britannique menaçant le pouvoir syrien de sanctions s'il ne respecte pas le plan de sortie de crise de Kofi Annan a été repoussé à jeudi.