Les forces de Bachar al-Assad ont attaqué la ville dimanche, tuant entre 80 et 100 civils.
Un tournant de la révolution en Syrie ? Les chars de l'armée syrienne sont entrés tôt dimanche matin dans la ville de Hama, foyer de contestation au centre du pays. Les soldats ouvert le feu sur des civils, faisant 95 morts selon les militants. Signe qu'un "cap" a été franchi dans la répression par le régime de Bachar al-Assad, a estimé sur Europe 1 Michel Morzière, du collectif Urgence solidarité Syrie.
"On va vers des massacres de plus en plus importants", s'est-il alarmé, rappelant que la révolution "était complètement pacifique". Michel Morzière a appelé la communauté internationale à réagir pour ne "pas laisser massacrer le peuple syrien". Les ministres britannique et allemand des Affaires étrangères ont réagi, se disant "profondément choqué" pour l'un, "consterné" pour l'autre. Le porte-parole de l'ambassade américaine à Damas a pour sa part accusé le régime de mener une "guerre totale" contre sa propre population.
Tirs à la mitraillette
D'après des témoins, l'armée tire "à l'aveugle", à la mitraillette, sur la population et des tireurs d'élite se sont positionnés sur les toits de la prison de la ville et sur le siège de la compagnie nationale d'électricité. Et selon un médecin syrien sur place, le matériel médical manque cruellement à Hama, notamment les poches de sang pour les transfusions, alors que de nombreux blessés sont dans un état grave.
Des vidéos postées sur Internet témoignent de la violence de l'assaut :
Cet assaut intervient alors que le régime tente de soumettre la ville depuis plusieurs semaines. Hama, située à 210 km au nord de Damas, a connu d'immenses manifestations contre le régime de Bachar al-Assad, réunissant plus de 500.000 personnes, notamment vendredi. Hama est un véritable symbole, une ville martyre. En 1982, le président Hafez al-Assad, père du président actuel, avait réprimé dans le sang la révolte des Frères musulmans. Bilan : 10 à 30.000 morts. Des quartiers entiers de la ville avaient alors été bétonnés pour dissimuler les cadavres.
Juste avant le Ramadan
Dimanche, l'armée syrienne a également tué trois civils à Hirak, berceau de la contestation, et au moins onze ont péri à Daïra az Zour, dans la vallée de l'Euphrate. Et plus de cent personnes ont été arrêtées en banlieue de Damas.
D'après le Guardian, il s'agit d'un "assaut coordonné à la veille du début du Ramadan". Selon des militants syriens, le régime tente en effet de dissuader les gens de descendre dans la rue à l'approche de cette période pendant laquelle la contestation pourrait s'amplifier, après les prières quotidiennes du soir.
La France condamne, Obama "horrifié"
Le ministre français des Affaires étrangères a condamné dimanche "avec la plus extrême fermeté" la poursuite de la répression en Syrie. Alain Juppé l'a jugée "particulièrement inacceptable en cette veille du mois de ramadan".
"Les responsables politiques, militaires et sécuritaires syriens doivent savoir, maintenant plus que jamais, qu'ils devront rendre compte de leurs actes", a encore déclaré Alain Juppé. "Plus que jamais, dans ce contexte effroyable, la France souhaite que le Conseil de sécurité des Nations unies prenne ses responsabilités en s'exprimant fortement et clairement, comme l'a fait à plusieurs reprises le Secrétaire général des Nations unies", a conclu le ministre.
Le président américain Barack Obama s'est dit "horrifié" par cette offensive de l'armée syrienne, rendant hommage aux manifestants "courageux" et expliquant que la Syrie serait "un endroit meilleur lorsqu'une transition vers la démocratie se mettra en place".