Regain de violence en Syrie deux jours après le veto de la Chine et de la Russie contre une résolution de l'ONU. La ville de Homs, haut lieu de la contestation, a été violemment bombardée lundi par l'armée syrienne. Bilan : 17 morts et des dizaines de blessés. Le régime syrien dément une nouvelle fois être à l'origine de ces représailles et accuse "des gangs de terroristes".
"C'est un véritable massacre"
"C'est la première fois que nous subissons une telle attaque" à Baba Amro, a déclaré Omar Chaker, un militant de ce quartier joint par l'AFP à Beyrouth, alors que le bruit des bombardements retentissait clairement au téléphone.
"Il s'agit du plus violent bombardement de ces derniers jours", a confirmé un militant en contact avec des habitants de Homs. Il n'était pas possible de vérifier dans l'immédiat ces informations de sources indépendantes en raison des fortes restrictions imposées au déplacement des journalistes étrangers en Syrie. Des vidéos attestent toutefois de la violence de la répression.
De la fumée s'échappe d'une habitation de Babe Amro :
Un des hôpitaux a par ailleurs été touché dans le pilonnage, selon l'opposition. Des vidéos diffusées sur Internet montrent des corps parfois en sang gisant dans la rue sur fond de cris et de pleurs, rapporte FTVI. "C'est particulièrement horrible aujourd'hui", affirme Abou Omar, un activiste syrien interrogé sur place par CNN. D'habitude, ils utilisent des mortiers. Maintenant, ils se servent de roquettes. On les aperçoit dans le ciel."
Attaques à l'hôpital de Homs :
"C'est un véritable massacre. Le quartier de Baba Amro mais aussi tous les quartiers du vieux Homs sont très violemment pilonnés aux obus. Le régime est hystérique, il veut infliger une punition collective au peuple", a confirmé sur al-Jazira Omar Edelbi, un membre du Conseil national syrien (CNS), joint à Beyrouth.
Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a exhorté la communauté internationale à agir vite pour "empêcher un nouveau massacre". D'autant plus que des exactions se sont déroulées dans d'autres villes du pays. Des centaines de blindés syriens ont en effet lancé un assaut contre la ville de Zabadani, près de Damas, avec "des tirs nourris et des bombardements de chars", a annoncé l'OSDH.
Les ambassades surveillées
Dans la foulée, les États-Unis et l'Angleterre ont décidé de protéger leurs ambassadeurs présents à Damas. Les Etats-Unis ont ainsi fermé leur ambassade et évacué lundi leurs derniers fonctionnaires présents en Syrie. Le régime syrien n'a en effet pas répondu aux inquiétudes de Washington en matière de sécurité, a rapporté CNN.
L'ambassadeur de Grande-Bretagne à Damas a quant à lui été rappelé à Londres pour consultations, a révélé lundi le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague. "J'ai rappelé aujourd'hui pour consultations notre ambassadeur à Damas. Lui-même et son équipe travaillent dans des conditions difficiles", a déclaré le chef de la diplomatie britannique devant le parlement.
De son côté, Nicolas Sarkozy a annoncé lundi lors d'une conférence de presse avec Angela Merkel qu'il allait s'entretenir dans l'après-midi avec le président russe Dmitri Medvedev au sujet de la situation syrienne. Assurant qu'il ne "laissait pas tomber le peuple syrien", le président a indiqué qu'il s'entretiendrait en son nom et au nom d'Angela Merkel avec son homologue russe.