Quatre jours après le déploiement des observateurs des Nations unies en Syrie, le ministre des Affaires étrangères français Alain Juppé a reçu quatorze homologues du groupe des "Amis de la Syrie". Les chefs de la diplomatie de pays occidentaux et arabes ont estimé que la mission d’observation traverse "une phase critique du fait du refus de Damas d'appliquer ses engagements".
Ils demandent "la fin de la violence armée"
"L'opposition a rempli ses obligations au titre du plan Annan (...), on ne peut pas en dire autant du régime syrien", a commenté Alain Juppé. "Nous ne pouvons pas attendre, le temps est compté. Il faut que les observateurs soient vite déployés et puissent agir sans entrave", a-t-il assuré. C'est pourquoi la France et ses partenaires vont prochainement déposer un projet de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU pour mettre en place en Syrie une mission d'observation "aussi robuste que possible", a-t-il expliqué. "Celle-ci doit être dotée du mandat et des moyens nécessaires pour atteindre ses objectifs", a ajouté le ministre français.
Les pays se sont accordés sur les mêmes exigences dans un communiqué commun demandant aux "autorités syriennes qu'elles mettent immédiatement fin à la violence armée sous toutes ses formes". Par ailleurs, ils estiment, comme Alain Juppé, que l'Onu et la communauté internationale devront prendre de nouvelles mesures si le plan de cessez-le-feu en Syrie du diplomate Kofi Annan échoue.
Un échec du plan Annan, "c'est le chemin vers la guerre civile voire régionale", a dit craindre le ministre français. Pour Alain Juppé, ce texte - qui vise à mettre fin à la répression de la révolte entamée il y a 13 mois - est pourtant "l'assurance de la paix et de la liberté". Et "toute marche arrière serait catastrophique", a-t-il jugé alors que le plan en six points prévoit, après le cessez-le-feu, "un processus politique ouvert, dirigé par les Syriens, de façon à répondre aux aspirations et préoccupations légitimes du peuple syrien".
Un accord signé avec l'ONU
La Syrie et les Nations unies ont signé jeudi un protocole sur les conditions d'exercice de la mission d'observation du cessez-le-feu. Aux termes de la résolution votée samedi au Conseil de sécurité, la mission de surveillance du cessez-le-feu entré en vigueur il y a une semaine devrait comprendre 250 observateurs.
La répression violente de l'opposition au régime de Bachar al Assad a fait plus de 11.000 morts, des dizaines de milliers de prisonniers et des centaines de milliers de réfugiés depuis le début de la révolution syrienne, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.