L’INFO. Depuis mercredi, Bachar al-Assad affiche sa confiance et a promis de faire de la Syrie, un "cimetière" pour les Occidentaux. Cette déclaration belliqueuse de régime aurait-elle fait son effet ? Alors que l’intervention militaire semblait imminente ces dernières heures, Obama, Cameron et Hollande semblent jeudi beaucoup plus réservés sur la nécessité de frapper dans les plus brefs délais le régime. Quelles sont les raisons de ce coup de frein dans le dossier syrien ? Éléments de réponse.
• LONDRES : Cameron veut attendre le rapport de l'ONU. Le Premier ministre, David Cameron s’est rendu à l’évidence : la majorité des députés n’est pas prête à voter les yeux fermés une intervention militaire en Syrie. Les réticences des parlementaires n’étaient d’ailleurs un secret pour personne. Depuis plusieurs jours, le spectre de la guerre en Irak, voté il y a dix ans, a pesé sur la conscience des élus. Mais jusqu’ici, le Premier ministre s’était persuadé que les images atroces des victimes de l’attaque chimique avaient fait basculer les parlementaires en faveur de frappes aériennes.
David Cameron avait fait ce pari mais il s’est trompé. Il a été ramené à la réalité de façon un peu brutale. Mercredi, en fin d’après-midi, les députés de l’opposition travailliste lui ont annoncé qu’ils refusaient de donner leur feu vert à une intervention militaire avant d’avoir eu connaissance du rapport des inspecteurs de l’ONU qui resteront dans le pays jusqu'à samedi matin. Par ailleurs, dans les rangs du parti conservateur, cette intervention militaire ne fait pas l’unanimité. En fin de soirée, furieux, David Cameron a fini par capituler et a retiré la motion plutôt que de subir une humiliation jeudi après-midi à la Chambre des communes.
• WASHINGTON : Obama et la pression du Congrès. Les Etats-Unis sont dans l’embarras. Il est difficile pour Barack Obama de lancer une attaque sans le soutien de son principale allié. Mercredi, le président américain a lâché le ton martial et a assuré n’avoir "pas pris de décision". L'idée sous-jacente est que le gouvernement syrien "reçoive un message assez fort sur le fait qu'il ferait mieux de ne pas recommencer" à utiliser des armes chimiques, a-t-il expliqué. "Si nous envoyons un coup de semonce pour dire ‘arrêtez’, nous pouvons avoir un impact positif sur notre sécurité nationale à long terme", a encore argumenté le président.
Sur le fond, sa décision ne change pas, le président américain veut intervenir. Il reste convaincu de la responsabilité d’Assad dans le massacre chimique mais il doit faire face à une opinion très hostile à une intervention mais aussi avec le Congrès qui le presse de clarifier sa stratégie. Mercredi, le chef des républicains lui a adressé une série de questions très précises sur ce qu’il prévoit en cas d’échec ou dans l’éventualité d’une entrée de l’Iran dans le conflit. Dans les jours qui viennent, le président américain va se charger de convaincre son opinion en publiant une partie des preuves en sa possession. Les frappes pourraient intervenir en début de semaine prochaine après le départ des inspecteurs de Syrie mais avant que les dirigeants se retrouvent en Russie pour le sommet du G20.
• FRANCE : Hollande attend des vérifications. La France aussi temporise. Invitée sur France 2, Najat Vallaud-Belkacem a répété qu’il fallait prendre le "le temps de la réflexion". "Prendre le temps de la concertation avec les partenaires, prendre le temps de recevoir les conclusions des experts de l’ONU, c’est préparer une réponse la plus appropriée possible", a expliqué la porte-parole du gouvernement. Un discours qui détonne après la volonté de François Hollande de "punir" Assad. Jeudi, le président français a toutefois assuré vouloir porter un "coup d’arrêt" à la violence.
En réalité, la France ne veut surtout pas commettre d’erreur. L'Elysée continue de "vérifier les preuves de ce qui semble s'être réellement passé", confie à Europe 1 un conseiller de François Hollande. Une formule alambiquée qui souligne l'embarras de l'exécutif sur la question de la légalité d'une intervention armée contre la Syrie hors du cadre de l'ONU. Ces vérifications prennent du temps car non seulement, les armes utilisées par Damas sont sophistiquées mais les échantillons doivent être analysés dans des laboratoires bien spécialisés.
Quant à l’opinion que François Hollande avait soigneusement préparé à l’offensive, le premier sondage indique que les Français sont partagés sur l'opération militaire en Syrie. Les Français sont partagés sur l'éventualité d'une intervention militaire de l'ONU en Syrie, 45% d'entre eux s'y déclarant favorables alors que 40% y sont opposés, selon un sondage CSA pour le site d'information Atlantico diffusé mercredi.