L’INFO. Plutôt que des données brutes, le gouvernement a décidé de livrer le travail d’analyse des services renseignements. Dans une note déclassifiée diffusée lundi, Paris accuse le régime syrien d’être responsable de plusieurs attaques chimiques, dont celle du 21 août, qui a fait plusieurs centaine de morts en banlieue de Damas. Pour cela, le gouvernement livre la démonstration des services de renseignements français. Sans publier pour autant de résultats d’analyses d’échantillons recueillis sur les sites des attaques.
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D’où proviennent les preuves ? Les éléments diffusés lundi relevaient du "secret défense". Ils ont été recueillis par les services de renseignement français, et ne s’appuient pas seulement sur des informations émanant des services américains. Dans le détail, le rapport s’appuie sur les éléments de la Direction général de la sécurité extérieure (DGSE), de la Direction du renseignement militaire (DRM) et du Service de santé des armées (SSA).
Quels sont les arguments de Paris ? Dans cette note de synthèse, les services français soulignent que l’attaque a été massive, avec près de 1.500 morts et des civils intoxiqués, sans blessures physiques. Au cours de cette attaque, huit quartiers différents ont été visés en même temps par des tirs d’artillerie. Une opération qui suppose une planification et des moyens importants que la rébellion n’a pas, souligne Paris, qui accuse le régime de Bachar al-Assad. Autre élément avancé : juste après l’attaque chimique, le régime a bombardé et incendié les mêmes zones. Le but ? Effacer les traces et les dissiper dans l’air.
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Ce qui manque dans le rapport. Pour Olivier Lepick, spécialiste des armes chimiques et chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), le raisonnement est crédible, mais le rapport est "assez décevant en ce qui concerne son contenu". "J’aurais espéré que l’État français révèle les résultats des analyses sur les échantillons prélevés à Damas il y a quelques jours", déplore-t-il au micro d’Europe 1, expliquant que ces "analyses sanguines, capillaires et urinaires auraient permis d’affirmer, côté français, que nous étions certains de l’utilisation d’un neurotoxique". Mais si le gouvernement tient à garder secrets les résultats de ces analyses, c’est pour une raison diplomatique : Paris ne souhaite en effet pas court-circuiter l’enquête de l’ONU, qui doit être rendue dans trois semaines.
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