L’INFO. C’est un G20 qui, selon la plupart des participants, a avancé sur les questions économiques. Mais LE sujet de ce sommet entre les dirigeants des plus puissantes économies du monde était la Syrie. La communauté internationale a-t-elle avancé ? Éléments de réponse.
DES PROGRÈS...
• Une "réponse internationale forte". Durant ce G20, la France et les Etats-Unis ont cherché à montrer qu’ils n’étaient pas isolés sur le dossier syrien. Pour prouver qu’une large coalition se dessine, la Maison-Blanche a publié vendredi soir un communiqué qui affirme que onze pays ont appelé à une "réponse internationale forte" suite à l'usage d'armes chimiques en Syrie, assurant que des indices montraient "clairement" la responsabilité du régime de Bachar al-Assad dans l'attaque du 21 août. L'Australie, le Canada, la France, l'Italie, le Japon, la Corée du Sud, l'Arabie saoudite, l'Espagne (qui n'est pas formellement membre mais invité permanent du G20), la Turquie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis sont signataires de cet appel diffusé par la Maison Blanche au terme du sommet de Saint-Pétersbourg.
"Les signataires ont depuis toujours demandé une résolution forte du Conseil de sécurité des Nations-Unies", mais ce dernier "est paralysé, comme il l'a toujours été depuis deux ans et demi" et "le monde ne peut attendre le résultat d'interminables processus voués à l'échec", lit-on dans le document. Toutefois, ce texte ne fait aucune mention explicite d'une intervention militaire.
• Un calendrier et des objectifs précisés. Le président français François Hollande a annoncé vendredi que la France attendrait le rapport des inspecteurs de l'ONU sur l'attaque chimique du 21 août en Syrie avant de lancer toute action militaire contre le régime de Damas. "Est-ce qu'on va attendre le rapport des inspecteurs ? Oui, nous allons attendre le rapport des inspecteurs comme nous allons attendre le vote du Congrès" américain, qui doit débattre du sujet à partir du 9 septembre, a-t-il déclaré. Quant au vote du Congrès, le président français a laissé entendre qu’il pourrait intervenir en "milieu de semaine".
Par ailleurs, une intervention militaire française contre la Syrie ne viserait que des objectifs militaires "pour éviter qu'il (Bachar al-Assad, ndlr) puisse laisser penser qu'il y aurait des victimes civiles", a également insisté le chef de l'Etat français. Prié de dire si annoncer aussi longtemps à l'avance une action militaire contre le régime de Bachar al Assad, que Paris accuse d'avoir utilisé des armes chimiques contre la rébellion, ne lui permettra pas d'y échapper, François Hollande a répondu : "un dictateur ne peut pas tout prévoir".
... MAIS LE BLOCAGE PERSISTE
• Des Européens divisés. Quant aux Européens signataires, ils sont actuellement en train de rechercher une "position commune" à Vilnius en Lituanie, lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE. Pour l’instant, force est de constater que leurs divergences persistent. En patientant jusqu’au rapport de l’ONU, le président français a ainsi répondu à un souhait exprimé par la quasi-totalité des chefs de la Diplomatie en Europe. C’est notamment la position de l’Allemagne. Conscient que le temps presse, le ministre des affaires étrangères de l’Allemagne a demandé à l'ONU d'"accélérer" afin que "nous puissions obtenir dès que possible les résultats de l'équipe d'inspecteurs". Pour le chef de la diplomatie suédoise, Carl Bildt, attendre le rapport est une question de principe pour la communauté internationale. Car "les Indiens, les Brésiliens, les Chinois et bien d'autres estiment que les informations provenant des services de renseignement américains ne sont pas suffisantes".
• L’affrontement entre Poutine et Obama continue. Le président des Etats-Unis et son homologue russe ont campé sur des positions diamétralement opposées."Tout le monde est d'accord pour dire qu'on ne peut rester les bras ballants. Mes collègues en Asie, en Europe et en Afrique pensent qu'il faut réagir à l'usage de l'arme chimique contre la population syrienne", a déclaré Barack Obama lors de la conférence de clôture, annonçant qu'il s'adresserait aux Américains mardi. Selon les délégués présents, la tension était palpable pendant le dîner de jeudi entre le président des Etats-Unis et Vladimir Poutine, mais leurs rapports sont restés cordiaux. Les deux hommes se sont entretenus vendredi pendant vingt minutes en tête-à-tête mais rien n’y a fait. "Tout ce que l'on voit en matière de déploiement d'armes chimiques vient du coté des rebelles. Ce sont les rebelles qui sont responsables. C'est de la provocation", a déclaré Vladimir Poutine lors de la conférence de presse de clôture.
"N'oubliez pas que l'utilisation de la force contre un Etat souverain, si c'est de l'autodéfense d'accord, mais la Syrie n'attaque pas les Etats-Unis. Ceci ne peut intervenir qu'avec l'approbation des Nations unies. Ceux qui foulent au pied cette règle ne respectent pas le droit international", a ajouté le président russe. Il a aussi affirmé que la Russie, qui a dépêché un navire de débarquement en Méditerranée orientale, en resterait à son soutien actuel au régime de Damas en cas de frappe. "Aiderons-nous la Syrie ? Nous l'aiderons. Nous l'aidons déjà aujourd'hui. Nous fournissons des armes. Nous coopérons dans la sphère économique et j'espère que nous coopérerons davantage dans la sphère humanitaire", a-t-il assuré.
• Le feu vert du Congrès s’annonce difficile. Le président américain Barack Obama, qui cherche à obtenir le feu vert du Congrès à une intervention militaire en Syrie, a convenu vendredi que la tâche s'annonçait difficile. "Je savais que ce serait difficile", a concédé le locataire de la Maison-Blanche, reconnaissant les réticences des Américains alors que le pays "est en guerre depuis plus de dix ans maintenant"."J'ai été élu pour mettre fin aux guerres, pas les commencer", mais le monde ne peut pas "rester les bras ballants", a plaidé une nouvelle fois le président américain.