Syrie : que peut faire la France ?

La France va prendre, pour un mois, la présidence du Conseil de sécurité de l'ONU.
La France va prendre, pour un mois, la présidence du Conseil de sécurité de l'ONU. © Reuters
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avec agences , modifié à
Paris prend mercredi la présidence du Conseil de sécurité de l'ONU, pour un mois.

Le dossier syrien semble plus que jamais bloqué. Deux semaines après un nouveau veto russo-chinois à l'ONU et alors que les combats font rage à Alep, la France va prendre la présidence du Conseil de sécurité pour le mois d'août. Dans l'opposition, certains dénoncent l'attitude de la France sur la Syrie, à l'image de Jean-François Copé, qui a regretté mercredi sur Europe 1 le "silence assourdissant" de Paris.

Le secrétaire général de l'UMP a comparé la situation syrienne à celle de la Libye. "Rappelez-vous de ce qui s'est passé lorsque Benghazi était bombardé à l'époque par les troupes de Kadhafi, comme la France a été en initiative avec les Britanniques au Conseil de sécurité de l'ONU", a-t-il lancé, ajoutant : "Quand Nicolas Sarkozy était président de la République, il n'attendait pas la présidence tournante [du Conseil de sécurité] pour prendre des initiatives".

La France aux "abonnés absents"

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L'ex-président a d'ailleurs appelé à plus de fermeté sur la Syrie, selon Le Parisien, des propos démentis par son entourage. Thierry Mariani, ex-ministre et député des Français de l'étranger, a de son côté "constaté" que la France était "aux abonnés absents" et se contentait de "verser des larmes et d'appeler à un cessez-le-feu".

Henri Guaino, député UMP, a également donné de la voix, relevant qu'il n'y avait "peut-être pas la même détermination, la même énergie que mettait Nicolas Sarkozy comme il l'avait fait sur la Libye". "Je ne jetterai la pierre à personne", a-t-il cependant ajouté, admettant que la situation était "très compliquée".

Une réunion d'urgence convoquée

La marge de manœuvre du pays président du Conseil de sécurité est aussi relativement limitée. Chargé d'animer les débats, il est celui qui décide de l'ordre du jour. Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, a d'ores et déjà demandé, d'ici la fin de la semaine, une réunion d'urgence sur la Syrie, "pour essayer d'arrêter les massacres et pour préparer la transition politique". Cette réunion, qu'il présidera lui-même, se fera "probablement au niveau ministériel".

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Le ministre souhaite convaincre la Chine et la Russie de ne pas s'opposer à une résolution contraignante pour le régime de Bachar al-Assad. "Il faut tout tenter", a-t-il affirmé, ajoutant : "on ne peut plus dire que c'est une affaire intérieure". Interrogé par Europe 1 mercredi, le philosophe Bernard-Henri Lévy a estimé que Laurent Fabius pouvait "les mettre au pied du mur".

Une intervention militaire "inévitable" pour BHL

Pour lui, "les Russes et les Chinois sont en train de changer de position", "parce qu'ils se rendent compte que pour sauver une base navale en Syrie, ils sont en train de perdre toute leur position dans le monde arabe en général, parce qu'ils s'associent aux assassins". Et la France peut aider la Russie à "débloquer ce verrou", en "tenant un discours de fermeté et en leur faisant savoir que, quoiqu'il arrive, une intervention militaire est inévitable".

 

Le programme du Conseil de sécurité s'annonce en tout cas chargé pour le mois d'août. Le Conseil de sécurité devra aussi trancher sur le cas des observateurs envoyés en Syrie. Le 20 juillet, le Conseil de sécurité a prolongé leur mission pour une "dernière période de 30 jours", le temps de préparer leur départ. Mais le maintien d'un petit contingent sur place permettrait, selon un diplomate interrogé par Le Figaro, de "garder un pied dans la porte", en cas d'envoi de troupes sur le terrain.