Un reportage de l'agence Capa, qui sera diffusé dimanche à 12h45 sur Canal+, renforce les soupçons de recours à l'arme chimique lors d'un bombardement d'un quartier d'Alep le 13 avril, selon les journalistes auteurs de cette enquête. Patricia Chaira et Saddek Chettab se sont rendus à l'hôpital d'Afrin, à une heure d'Alep près de la frontière turque, où le personnel soignant avait tourné une vidéo montrant le 13 avril l'arrivée de blessés avec de la mousse blanche leur coulant du nez et de la bouche, un phénomène de sursalivation qui peut être la conséquence de l'inhalation de gaz toxique.
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Selon le directeur de l'hôpital, interrogé dans le reportage, les victimes de ce bombardement (3 morts et 17 blessés, dont des secouristes arrivés après l'attaque) intervenu dans le quartier kurde de Sheikh Maqsoud d'Alep, avaient à leur arrivée "des mouvements incontrôlés, de la bave coulant du nez et de la bouche, leurs pupilles étaient rétractées". Il leur injectera de l'atropine, un antidote aux gaz neurotoxiques, et les gardera pendant cinq jours.
Si ce témoignage avait déjà été évoqué dans la presse, les journalistes ont retrouvé certains blessés soignés et une autre vidéo. Tournée sur les lieux du bombardement juste après celui-ci, on "y reconnait les blessés de l'hôpital avec les mêmes symptômes (problèmes respiratoires, tremblements, bave, etc)", explique à l'AFP Patricia Chaira."C'est évident que c'est chimique", juge la journaliste qui ne sait pas en revanche s'il s'agit du gaz sarin ou d'un autre gaz neurotoxique. Les journalistes ont ramené des échantillon sanguins qu'ils tiennent à la disposition des autorités françaises pour analyse.
Jusqu'à présent, le gouvernement français a, comme les Etats-Unis et les Grande-Bretagne, analysé ses propres échantillons et conclu à des "indices mais pas de preuve formelle de l'utilisation de gaz de combats" en Syrie. Deux envoyés spéciaux du Monde, présents en Syrie en avril et mai, ont témoigné lundi dans le quotidien français de l'utilisation d'armes toxiques contre les forces rebelles qui tiennent les faubourgs de Damas. Ils ont ramené des échantillons qui vont être analysés à Paris.