L'offensive semble imminente. Jeudi, l'armée syrienne était en train de placer ses troupes autour d'Alep, la deuxième ville de Syrie, pour essayer de reprendre le contrôle de cet important carrefour commercial du nord du pays. En prévision de cette bataille majeure, qui pourrait débuter vendredi, l'armée a pilonné des quartiers rebelles de la ville jeudi soir, tandis que les insurgés lançaient de petites attaques contre des postes de police et des renseignements.
Alep, en proie à de violents combats depuis une semaine, est devenue un enjeu capital du conflit. Si Alep tombe, "le régime est fini et les deux adversaires le savent", estime Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Et le Premier ministre turc, Tayyip Erdogan, a lui-même affirmé que Bachar al-Assad et ses proches seraient sur le départ.
L'armée déployée autour de la ville
Alors, des deux côtés, chacun fourbit ses armes. L'armée du régime de Bachar al-Assad s'est déployée massivement aux abords de la ville, notamment sur le flanc est, avec des forces spéciales, mais aussi des milliers de soldats venus en renfort de Damas ou d'Idlib, au sud.
La rébellion, de son côté, continue à appeler tous ses combattants à venir participer à la bataille. Quelque 1.500 à 1.000 insurgés sont arrivés de l'extérieur pour soutenir les 2.000 combattants déjà présents à Alep. Malgré le déploiement sécuritaire, les appels à manifester vendredi, à la sortie de la grande prière, se multiplient, notamment sur Facebook.
Ban Ki-moon à Srebrenica
Sur le plan diplomatique, la perspective d'un nouveau bain de sang inquiète. Washington a dit sa crainte de "voir un massacre à Alep". "C'est ce que le régime semble être sur le point de faire", s'est alarmée la porte-parole du département d'Etat, Victoria Nuland.
Quant à Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU, il a dénoncé le "carnage" en cours en Syrie. En visite à Srebrenica, théâtre d'un génocide que l'ONU avait été impuissante à empêcher en 1995, il a dit sa crainte de voire l'Histoire se répéter : "je ne veux pas voir un de mes successeurs, en visitant la Syrie 20 ans après, s'excuser pour ce qu'on n'aurait pas pu faire maintenant pour protéger les civils en Syrie, chose que l'on ne fait pas".