Le président Bachar al Assad a fait un geste. Samedi, le chef d'Etat a promis la levée, dès la semaine prochaine, de l'état d'urgence en vigueur depuis 48 ans en Syrie. Il a en revanche ignoré les revendications populaires en faveur d'un démantèlement du régime sécuritaire strict qui régit le pays.
Mais cette nouvelle législation ne fera preuve d'aucune indulgence envers "les saboteurs", a-t-il prévenu, dans une allocution prononcée devant le nouveau gouvernement. "Les Syriens sont civilisés. Ils adorent l'ordre et n'accepteront pas le chaos et le règne de la populace. Nous ne serons pas tolérants envers le sabotage", a-t-il expliqué dans une intervention télévisée à la nation.
"Nous ne voulons pas nous précipiter", a fait valoir Bachar al Assad :
Dans le contexte des révoltes qui souffle sur le monde arabe, la stabilité de la Syrie reste sa priorité, a-t-il martelé. Et de préciser que, si des réformes étaient nécessaires, c'était pour "renforcer le front intérieur" face à la vague actuelle de contestation de son pouvoir.
Le raïs syrien n'a fait aucune allusion précise aux exigences des dizaines de milliers de manifestants qui réclament la fin de la mainmise des puissants services de sécurité sur la vie quotidienne des Syriens, la libération des milliers de prisonniers politiques et la fin du monopole du parti Baas sur la vie publique.
"Le peuple veut la chute du régime"
A quelques heures de ce discours, des milliers de personnes avaient défilé dans les rues de la ville de Deraa, haut lieu de la contestation, dans le sud du pays, en scandant "Le peuple veut la chute du régime", comme en Tunisie et en Egypte.
Vendredi, l'agitation avait gagné pour la première fois Damas. Dans la capitale, les forces de sécurité syriennes ont fait usage de bâtons et de grenades lacrymogènes à l'encontre des manifestants. Selon le principal comité syrien de défense des droits de l'homme, la répression du mouvement pour la démocratie a fait environ 200 morts depuis près d'un mois.