L'actu. Leur arrivée a été vécue comme un soulagement. Même si les soldats français et maliens doivent progressivement rétablir l'ordre dans la cité historique de Tombouctou, ils sont entrés lundi, sans combattre, et sous les vivats après des mois d'occupation par des insurgés islamistes.
>> Europe 1 a recueilli le témoignage d'un père de famille qui a assisté à l’entrée des militaires.
Cet homme raconte l'horreur des derniers mois et peine presque à sortir de sa torpeur. "Je ne suis pas réveillé. Je dors encore… Vous savez ce qui s’est passé ici à Tombouctou pendant dix mois, nous avons vécu l’enfer. Vive l’armée malienne et vive la France, vive la France, vive la France", lance-t-il. "Je suis père de cinq enfants. Pendant neuf mois, je suis resté assis sans aucune ressource. Je me faisais du souci pour mes enfants.Je m'étais dit que c'était cuit pour moi", témoigne avec émotion ce Malien.
Les islamistes qui contrôlaient la ville, "c’est des démons. Ils faisaient n’importe quoi, de la terreur, de la terreur, on ne pouvait pas supporter leur regard", ajoute-t-il.
Au quotidien, il était même privé par les islamistes de sa cigarette. "Il fallait trouver des solutions pour fumer entre nous. Nous avions un mot de passe. Et le pire c'était de sentir la cigarette. Tu sors de la maison. Un imbécile est capable de te dire : 'vous avez fumé'", raconte cet habitant de Tombouctou. "Ça se terminait en bastonnade. 100 coups de fouets ou pour d'autres, la prison", ajoute-t-il. "Ils ont bastonné des femmes enceintes. Ils ont enfermé des femmes qui allaitaient des enfants de quatre mois juste parce qu'elles ne s'étaient pas habillées de façon décente", s'insurge ce père de famille.
Pendant plusieurs mois, la charia, la loi islamique, a été une véritable épreuve pour ce Malien. "Avant eux, nous étions des musulmans pratiquants. Ils sont venus. Ils ont inventé des choses qui n'existent pas du tout. Je ne pouvais pas m'habiller comme ça. Il fallait me mettre un turban. Maintenant, je me sens à l'aise. Je n'ai plus de barbe", martèle cet habitant de Tombouctou avant de conclure : "personne n'a été épargné. Pas même les handicapés".