Il n’est jamais trop tôt pour prévenir la radicalisation. C’est en tout cas le sens de la loi anti-terroriste qui passe devant le parlement au Royaume-Uni. Elle doit permettre de prendre de nouvelles mesures pour détecter les "comportements à risque" chez les tout jeunes enfants. La nouvelle loi anti-terroriste comprendra un volet pour repérer les terroristes en herbe chez les étudiants, les écoliers mais aussi chez les tout petits, si elle est votée
Les profs-espions. Les mesures à venir sont détaillées dans un livret qui accompagne la loi sur la sécurité et l’anti-terrorisme. Selon ce document, les crèches, comme les écoles et les universités ont un rôle important à jouer pour "prévenir les dérives terroristes". Il faudra "s’assurer que le personnel a la formation qui leur donnera les connaissances et la confiance nécessaires pour identifier les enfants à risque". Les employés doivent pouvoir "contester les idées extrémistes utilisées pour justifier le terrorisme" et "savoir vers qui aiguiller des enfants et jeunes gens" qui présentent de comportements étranges.
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Selon le Telegraph, des voix s’élèvent déjà pour dénoncer des dispositions jugées infaisables et brutales. Le gouvernement est accusé de vouloir traiter les enseignants et les employés de crèche comme des "espions". Les écoles et les crèches ne devraient pas agir comme la police, estime le secrétaire général du syndicat enseignant NAHT. Isabella Sankey, de l’ONG de protection des droits de l’homme Liberty, affirme que "loin de réintégrer les personnes en marge de la société, [ces mesures] planteront des graines de la défiance, de la division et de l’aliénation à un très jeune âge."
Un enfant extrémiste, kézako ? Un député conservateur s’interroge : "Je ne comprends pas ce qu’ils (les personnels de crèche, ndlr.) sont censés faire". "Sont-ils supposés donner des informations sur certains tout jeunes enfants qui utilisent des mots d’une prière qui semble extrême ?", s’interroge-t-il. Selon le Telegraph, les crèches devront par exemple signaler des commentaires antisémites proférés par de très jeunes enfants.
Un porte-parole du ministère britannique de l’Intérieur a affirmé qu’il ne "s’attendait pas à ce que les enseignants et les employés de crèche effectuent des intrusions inutiles dans la vie familiale, mais nous nous attendons à ce qu’ils réagissent quand ils observent des comportements étranges". Il a ajouté qu’il était "important que les enfants se voient enseigner les valeurs britanniques selon leur âge. Pour des enfants d’un très jeune âge, cela veut dire apprendre à reconnaître le bien du mal".
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