Yingluck Shinawatra n'est pas le "porte-voix" de son frère, elle est "son clone". C'est l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra lui-même qui le dit. Un atout mais aussi une faiblesse pour la nouvelle chef du gouvernement thaïlandais, qui vient de prendre ses fonctions après la victoire de son parti aux législatives du 3 juillet, devenant ainsi la première femme de l'histoire de son pays à ce poste.
Une novice en politique, parrainée par son frère
A 44 ans, Yingluck Shinawatra a remporté une victoire écrasante. Propulsée tête de liste du parti Pheu Thai - dirigé en sous-main par son frère depuis Dubaï où il s'est réfugié pour échapper à la prison -, elle s'est lancée dans la campagne seulement sept semaines avant le scrutin. Un délai court, mais suffisant pour lui permettre de séduire un électorat populaire défavorisé.
La nouvelle Première ministre a surtout dû convaincre qu'elle serait à la hauteur du poste puisqu'elle est totalement novice en politique. Après avoir obtenu deux diplômes en sciences politiques, dont un aux Etats-Unis, Yingluck s'était lancée dans les affaires. Elle était jusqu'à présent la présidente d'AIS, l'entreprise de télécommunications fondée par son frère.
Opération séduction
Chaperonnée par le conseiller stratégique de Tony Blair et Hillary Clinton, Yingluck Shinawatra a donc mené une opération séduction en exploitant sans complexes son lien de parenté avec l'ancien Premier ministre. "Je ne sais pas à quel point vous aimez Thaksin. Mais pouvez-vous partager un peu de cet amour pour moi, sa petite soeur ?", a-t-elle ainsi demandé au cour de la campagne électorale. Après son élection, Yingluck a toutefois affirmé "qu'elle serait elle-même à la tête du pays".
Autre atout de la nouvelle femme forte de Thaïlande, son charme. "J'utiliserai ma féminité pour travailler pleinement pour le pays", a-t-elle notamment déclaré. "Ses charmes féminins tant vantés ont électrisé la campagne électorale", écrit même la BBC. Dernière astuce de Yingluck pour déstabiliser ses concurrents : ne dire que du bien d'eux.
Mission, réconcilier le pays
Cinq ans après l'éviction de son frère, Yingluck Shinawatra doit désormais sortir de l'ombre de Thaksin. Une lourde tâche l'attend désormais : réconcilier masses défavorisées et élites de Bangkok, toujours divisées après la crise qui a suivi le putsch de 2006 qui avait renversé son ainé.