L'ancien Premier ministre thaïlandais Abhisit Vejjajiva a été inculpé pour meurtre jeudi pour sa responsabilité dans la mort d'un civil abattu par l'armée lors des manifestations de 2010, un dossier symbole de la fracture politique qui menace constamment d'embraser le royaume. Abhisit est poursuivi avec son vice-Premier ministre, Suthep Thaugsuban. Ils se sont présentés à la mi-journée au siège du Département des enquêtes spéciales (DSI) du ministère de la Justice.
Ils y ont été formellement inculpés et "tous deux nient les accusations retenues à leur encontre", a indiqué Thavorn Senniem, figure du Parti démocrate auquel ils appartiennent. Ils sont les premiers dirigeants de l'époque inquiétés dans ce dossier, alors que 24 leaders des manifestants s'apprêtent à être jugés pour "terrorisme". Le chef du DSI Tarit Pengdith a assuré qu'ils ressortiraient libres bien qu'ils soient passibles, en théorie, de la peine capitale.
Jusqu'à 100.000 "chemises rouges", fidèles à l'ancien chef du gouvernement en exil Thaksin Shinawatra, avaient occupé le centre de Bangkok pendant deux mois au printemps 2010 pour réclamer la démission d'Abhisit avant d'être délogés par l'armée. Cette crise, la plus grave qu'ait connue la Thaïlande moderne, avait fait quelque 90 morts et 1.900 blessés.