Et si la clé se trouvait en Algérie ? Le juge Marc Trévidic, en charge de l'enquête sur l'assassinat des sept moines français en 1996, n'exclut pas cette hypothèse. Le juge souhaite se rendre en Algérie pour exhumer et autopsier les crânes des sept moines de Tibéhirine, les seules parties de leur corps qui ont été rendues, selon l'hebdomadaire Marianne à paraître samedi.
Marc Trévidic a adressé une commission rogatoire internationale à l'Algérie pour préciser sa demande. La missive a été rédigée le 16 décembre dernier avant d'être traduite en arabe. Sur place, le juge souhaite aussi entendre une vingtaine de témoins dont il a donné le nom dans le texte envoyé aux autorités algériennes.
La piste d'une bavure suivie
Après avoir longtemps suivi la thèse islamiste, l'enquête judiciaire s'est réorientée depuis 2009 et le témoignage d'un ancien attaché de défense à Alger vers une bavure de l'armée algérienne.
Le juge en charge de l'enquête a détaillé en quoi consisteraient ses opérations. Il souhaite se rendre à Tibéhirine, exhumer les têtes, pratiquer une expertise ADN pour identifier les victimes, puis réaliser l'autopsie avec deux médecins légistes, un expert en empreintes génétiques et un photographe de l'identité judiciaire pour tenter de recueillir des indices sur les conditions de leur mort.
Les familles sont d'accord
Avant d'effectuer cette demande nouvelle dans une enquête longue et complexe, Marc Trévidic avait reçu en octobre les familles de victimes pour leur exposer sa démarche et obtenir leur assentiment.
Les sept moines de l'Ordre de Citeaux de la stricte observance avaient été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 dans leur monastère isolé situé près de Medea. Le Groupe islamique armé (GIA) de Djamel Zitouni avait revendiqué l'enlèvement et l'assassinat des moines.