En 2004, cette blonde aux cheveux toujours impeccablement tressés était devenue le symbole de la "révolution orange" en Ukraine, avant d'être nommée Premier ministre. Six ans plus tard, Ioulia Timochenko croupit en prison, où elle dénonce ses conditions de détention et a mené une grève de la faim pendant dix jours. Mercredi, elle a été transférée de sa cellule à un hôpital pour y soigner ses hernies discales, sur fond de critiques internationales visant l'Ukraine. Europe1.fr fait le point sur cette affaire qui embarrasse le pays.
Pourquoi Ioulia Timochenko est-elle en prison ? L'ex-Première ministre est incarcérée depuis août 2011 et a été condamnée en octobre à sept ans de prison pour abus de pouvoir. Il lui est reproché d'avoir conclu, en 2009, sans l'accord de son gouvernement, des accords gaziers avec la Russie considérés comme défavorables à l'Ukraine.
Que dit-elle ? Pour l'ancienne égérie du mouvement de 2004, ce procès est une vengeance personnelle de Viktor Ianoukovitch, chassé par la révolution orange puis revenu au pouvoir en 2010, en battant Ioulia Timochenko à l'élection présidentielle. En prison, cette dernière affirme avoir été maltraitée par le personnel carcéral et a entamé une grève de la faim le 20 avril pour protester contre ces violences. Elle y a mis un terme mercredi, avec l'aide du médecin qu'elle a réclamé, disant se méfier des médecins ukrainiens.
Où se trouve-t-elle ? Ioulia Timochenko a été transférée à l'hôpital de Kharkiv, à l'est du pays, pour être soignée par le docteur berlinois Lutz Harms. Elle a arrêté sa grève de la faim et va recevoir des soins. D'après sa fille, elle aurait perdu une dizaine de kilos.
Comment réagit la communauté internationale ? L'affaire a provoqué des remous au niveau international. L'Ukraine a dû annuler un sommet de l'Europe centrale prévu à Yalta cette semaine : plusieurs présidents voulaient en effet le boycotter pour protester contre le sort de Ioulia Timochenko.
Le cas de l'ex-Première ministre embarrasse le pouvoir en Ukraine, qui co-organise l'Euro 2012 de football, du 8 juin au 1er juillet. De hauts responsables, dont la totalité du gouvernement autrichien et un ministre belge, ont déjà annoncé qu'ils refusaient d'aller en Ukraine pour assister aux matchs. Et aucun membre de la Commission européenne ne s'y rendra pendant la compétition, à commencer par son président, José Manuel Barroso.