Vingt-six corps dont certains à l'état de squelette. Dans le sud de la Thaïlande, en pleine jungle, un charnier a été découvert par les autorités. Les corps sont vraisemblablement ceux de clandestins issus de l'ethnie musulmane des Rohingyas, originaire de Birmanie ou du Bangladesh. Voulant se rendre en Malaisie pour y travailler, ils auraient été victimes de trafiquants et enfermés dans un camp. Seuls deux survivants, dans un état d'extrême-faiblesse, ont pu être sauvés.
Retenus dans des camps. "Nous avons un total de 26 corps", a annoncé sur place Jarumporn Suramanee, responsable de la police scientifique, précisant que la cause des décès et la possible trace de tortures devaient être établies par des médecins légistes. Si certains sont à l'état de squelettes, d'autres semblent dater de quelques jours seulement.
Le charnier est situé près d'un camp "de transit", qui retenait entre 200 à 300 Rohingyas, établi à quelques centaines de mètres de la frontière malaisienne, dans la province de Songkhla. La région est une zone de transit empruntée chaque année par des milliers de réfugiés et où des trafiquants les auraient arrêtés et enfermés, avant de demander des rançons à leurs proches, rapporte RFI.
Un des survivants ne pouvait plus marcher. Le camp aurait été évacué par les trafiquants quelques jours avant l'intervention de la police. Seuls deux malades ont été laissés sur place. gés de 25 et 35 ans, ils étaient traités samedi dans un hôpital à Padang Besar. "Le plus âgé ne pouvait pas marcher, il a dû être porté" pour descendre de la zone escarpée où avait été construit le camp, a précisé le Dr Kwanwilai Chotpitchayanku, qui a pu apercevoir les deux hommes, émaciés et placés sous perfusion.
Un trafic d'êtres humains "hors de contrôle". L'existence de ces camps de transit dans la jungle du sud de la Thaïlande n'est "pas une surprise", comme le déplore l'ONG Human Rights Watch samedi. Des fonctionnaires, policiers et officiers de l'armée sont même accusés d'être partie prenante de ce trafic lucratif, même si officiellement, la junte au pouvoir a annoncé sa volonté d'y mettre fin. Le problème du trafic d'êtres humains en Thaïlande est même "hors de contrôle", accuse Human Rights Watch.
Une ethnie persécutée. Les Rohingyas font partie des ethnies les plus persécutées du monde, selon l'ONU. Depuis 2012, ils fuient par dizaines de milliers la Birmanie où ils sont pris dans des violences qui les opposent aux bouddhistes de la minorité Rakhine. Les Rohingyas tentent donc de passer en Malaisie, un exode qui passe la plupart du temps inaperçu.
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