Difficile pour le moment de savoir qui se cache derrière l’attentat qui a touché l’ambassade de France à Tripoli, mardi. Qualifiée d'"acte terroriste" par les autorités libyennes, cette attaque survient dans un contexte d'insécurité croissante en Libye - où des milices font la loi, mais aussi dans un contexte régional marqué par le conflit au Mali, où l'armée française est intervenue contre les groupes armés islamistes radicaux.
"Quelque chose qu'on pouvait prévoir". "L’intervention au Mali est perçue par les salafistes libyens comme une ingérence impérialiste", a estimé l’ancien diplomate Patrick Haimzadeh, interrogé mardi sur Europe 1. "C’est un signal donné à la France et à d’autres pays européens qui voudraient faire de l’ingérence", a-t-il conclu.
"Cet attentat est quelque chose qu’on pouvait prévoir depuis la chute du régime", a-t-il estimé. "Il y avait notamment un certain nombre de signaux annonciateurs, dans l’Est et dans l’Ouest", a-t-il ajouté, précisant qu’il n’était "guère surpris".
Un "lien très étroit entre Aqmi et cette opération". Louis Caprioli, ancien responsable de la lutte anti-terroriste à la DST, s'est dit mercredi sur Europe 1 "convaincu qu'il y a un lien très étroit entre Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et cette opération". "L'intervention française [au Mali] a perturbé ou détruit toute l'infrastructure terroriste d'Aqmi et cette organisation dispose de soutiens, d'alliés, d'armements en Libye", a-t-il soutenu, ajoutant : "la seule façon de riposter à cette attaque de la France, c'était de nous frapper en Libye, où il y a des membres d'Al-Qaïda, qui sont proches d'Aqmi, qui ont des moyens opérationnels, une liberté de déplacement". Pour Louis Caprioli, "dès lors que les gens qui sont proches de la mouvance d'Aqmi auront les capacités de nous frapper, ils le feront". Et le spécialiste de prévenir : "il ne faut pas se voiler la face, nous avons un risque d'attentat sur le territoire français et contre tous les intérêts français dans le monde".
Un risque "réel" d'attentat sur le sol françaisUne piste syrienne ? Outre la "traditionnelle" piste d’Al-Qaïda, d’autres soupçons sont également évoqués. "La Syrie, parce que la situation est de plus en plus tendue, n’est pas écartée", a, de son côté estimé Alexandre Adler, spécialiste des relations internationales. La France engagée auprès de l’opposition syrienne, pourrait en effet avoir été visée par les supporters de Bachar al-Assad. Il pourrait donc s’agir d’un "message codé envoyé à la France au moment où ont lieu les discussions sur la levée des restrictions sur les armes que la France pourrait donner à l’opposition syrienne", a également souligné le spécialiste.
Pour Alexandre Adler, l'attentat de mardi pourrait être un avertissement des services secrets de Bachar al-Assad :