Depuis des semaines, les confins orientaux de l'Ukraine sont secoués par une insurrection séparatiste pro-russe. Ce week-end, près de 50 personnes sont mortes dans des violences entre les deux camps. Si vous n'avez rien suivi, voici trois questions pour comprendre ce qui s'est passé.
L’Ukraine a-t-elle perdu le contrôle sur l’Est de son pays ?
Kiev se refuse à cette éventualité, même si les rebelles, qui portent les mêmes uniformes que les soldats débarqués en Crimée, étendent leur emprise sur une quinzaine de villes, dont Donetsk, Slaviansk et Lougansk.
En fin de semaine dernière, l’armée ukrainienne a lancé un assaut sanglant sur l’Est du pays, dans la ville de Slaviansk plus particulièrement. Kiev veut absolument reprendre le contrôle sur cette ville, où un nouveau maire autoproclamé est acclamé par les pro-russes. Sept personnes sont mortes dans cette opération vendredi, dont deux militaires, trois rebelles pro-russes et deux civils.
L’armée, qui encercle la ville aux airs de cité assiégée, a détruit plusieurs checkpoints de rebelles. Les militaires ont coupé le principal axe routier vers Slaviansk.
Les magasins étaient fermés vendredi, la population recluse chez elle. La principale banque ukrainienne a décidé de fermer ses succursales, craignant pour la vie de ses employés. Des habitants ont demandé aux soldats ukrainiens de s’en aller pour rétablir la paix.
Lundi, les combats étaient toujours en court, a déclaré la porte-parole des rebelles Stella Khorocheva.
Pourquoi ce qui s’est passé à Odessa est-il important ?
Près de 40 personnes, des pro-russes pour la plupart, sont mortes à Odessa, vendredi, dans l’incendie de la maison des syndicats. Le feu a pris dans le bâtiment après des troubles qui ont émaillé cet important port marchand situé bien plus à l’Ouest.
Le Premier ministre Arseni Iatseniouk a fait le déplacement dimanche matin, accusant la Russie d’être derrière cet incendie meurtrier et de vouloir "détruire" l’Ukraine.
Plusieurs témoins mettent en cause les pro-Ukrainiens. Dimanche, une cinquantaine d’extrémistes de Pravyi Sektor, un groupe radical, se sont rassemblés. Accompagnés d’autres manifestants, ils ont dressé le drapeau ukrainien, aux cris de "Gloire à l’Ukraine" et "Odessa en Ukraine" sur la maison des syndicats, noircie par les flammes.
Que font les Occidentaux ?
La discussion devrait se détendre entre la Russie et l'Occident, après la libération des observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, chargée de garder un œil sur les événements en Ukraine.
Ce week-end, Angela Merkel et Vladimir Poutine se sont mis d’accord sur le principe d’une médiation internationale pour rétablir le dialogue entre Kiev et Moscou, qui ont déjà brisé une fois un accord de désescalade signé à Genève. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, voudrait organiser un nouveau sommet à Genève.
Laurent Fabius a mis en garde la Russie contre la mise en place du troisième niveau de sanctions, si les élections présidentielles qui doivent se tenir en Ukraine le 25 mai sont perturbées. Cela signifierait rompre des investissements et mettre un frein d’arrêt au transfert de technologies dans certains domaines stratégiques, dont la défense.
Mais pour l’instant, les nouvelles sanctions, qui visent Vladimir Poutine au plus près, n’ont engendré qu’un simple agacement à Moscou, sans l’empêcher de déstabiliser d’Ukraine.
DIMANCHE - Les pro-russes à l'assaut du siège de la police d'Odessa
L'ESSENTIEL - Les observateurs de l'OSCE sont libres
RETOUR SUR - Ukraine : lourd bilan après des affrontements à Odessa
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