L'Américain Troy Davis a été exécuté mercredi par injection à 23H08 (05H08, heure française, jeudi), a annoncé le pénitencier de Jackson, en Géorgie. Condamné à mort en 1991 pour le meurtre d'un policier blanc, cet Américain avait fait l'objet d'une intense mobilisation internationale, des doutes planant sur sa culpabilité. Mais la Cour suprême des Etats-Unis a rejeté mercredi un ultime recours de ses avocats, ouvrant la voie à son exécution. Jusqu'au bout, il avait clamé son innocence, notamment face à la veuve du policier tué.
Plusieurs témoins ont assisté à son exécution. L'un d'eux a raconté la scène au micro d'Europe 1. "Il a demandé à sa famille et à ses amis de continuer à prier, à travailler et de garder la foi", a-t-il rapporté. Ses derniers mots ont été pour le personnel pénitencier, à qui il a adressé : "que Dieu ait pitié de vos âmes". "Puis il a baissé la tête, le processus s'est enclenché et 15 minutes plus tard c'était la fin", a décrit le témoin.
Un ultime recours rejeté
Les centaines de manifestants présents à l'extérieur de la prison ont accueilli la nouvelle dans un profond abattement après avoir espéré pendant des heures un improbable geste de la plus haute juridiction du pays. Saisie en dernier recours après une tentative infructueuse à la Cour suprême de l'Etat de Géorgie, la Cour suprême des Etats-Unis avait en effet interrompu le processus mercredi soir. Mais cet ultime recours utilisé par ses avocats n'a pas suffi. La Cour suprême des Etats-Unis ayant finalement rejeté l'ultime recours.
Depuis sa condamnation à mort en 1991 pour le meurtre d'un policier blanc, Troy Davis avait échappé à trois exécutions grâce à de multiples recours judiciaires. Au point de devenir un symbole de la lutte contre la peine de mort. Cet Afro-américain, quadragénaire, a toujours clamé son innocence, alors que sept des neuf témoins oculaires du crime se sont rétractés.
"La France réaffirme son opposition à la peine de mort
La France a officiellement déploré jeudi l'exécution de Troy Davis, et réaffirmé son opposition à la peine de mort. "Nous déplorons vivement que les nombreux appels à la clémence n'aient pas été entendus", indique un porte-parole du ministre des Affaires étrangères et européennes dans un communiqué. "La France réaffirme son opposition à la peine de mort, quels que soient les lieux et les circonstances", poursuit le texte. "Elle rappelle que toute erreur judiciaire dans son application est irréversible".
De son côté, Amnesty International France a appelé à poursuivre le combat pour l’abolition universelle de la peine de mort. "Aujourd’hui, la Géorgie n’a pas seulement tué Troy Davis, elle a aussi tué la confiance de tous les soutiens de Troy, à travers le monde, dans le système judiciaire aux Etats-Unis", a déclaré Geneviève Garrigos, présidente d’Amnesty International France.
"Une tache sur la justice des Etats-Unis"
Ces derniers jours, de nombreuses personnalités du monde entier étaient montées au créneau pour que l'exécution n'ait pas lieu, en tête desquels Benoît XVI. La France, par le ministère des Affaires étrangères, dit avoir "regretté vivement le refus du comité des grâces".
Aux Etats-Unis, l'ancien président Jimmy Carter ou l'actrice Susan Sarandon avaient aussi pris position pour l'accusé.