La police a dispersé à coup de gaz lacrymogènes une manifestation anti-gouvernementale devant le siège de l'Assemblée nationale constituante (ANC) à Tunis, a constaté une journaliste de l'AFP. La police a tiré de grande quantité de gaz vers les manifestants qui affluaient sur la place du Bardo, où se trouve le siège de l'ANC, en provenance du cimetière El Jellaz, après l'enterrement du député d'opposition Mohamed Brahmi. "Le gouvernement doit tomber aujourd'hui", "la dissolution de la Constituante est un devoir", ont scandé les manifestants, des slogans devenus cris de ralliement dans tout le pays depuis la mort de Mohamed Brahmi, tué jeudi par balles.
Les proches et partisans de M. Brahmi accusent les islamistes qui dirigent le gouvernement d'être derrière le meurtre, tandis que le parti islamiste Ennahda dément, pointant du doigt un salafiste en cavale.
Le palais abritant l'ANC a été rapidement encerclé par les forces de sécurité déployées en nombre jusque sur les artères du Bardo, fermées à la circulation. Les manifestants, des jeunes de moins de 20 ans pour la plupart, ont lancé des projectiles et de grosses pierres en direction des policiers anti-émeutes qui tiraient des gaz lacrymogènes en les pourchassant. Aussitôt dispersés, les protestataires se rassemblaient de nouveau dans les nombreuses rues donnant sur la place du Bardo.
Selon la radio Shems FM, après les funérailles de Brahmi, des tracts ont été distribués aux alentours du cimetière pour appeler la foule à se diriger vers l'ANC et participer à un sit-in. Ces textes ne portaient aucune signature, selon la même source.Des partis d'opposition ont annoncé dans la nuit de vendredi à samedi le retrait de leurs 42 députés de l'ANC et appelé à un sit-in jusqu'à la dissolution de la Constituante et la chute du gouvernement dirigé par le parti islamiste Ennahda.