Tunis : le procès de trois Femen reporté

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avec AFP , modifié à
Deux Françaises et une Allemande devaient être jugées mercredi, elles restent en détention.

L’INFO. La date a été fixée au 12 juin prochain. Trois militantes européennes du groupe féministe Femen - deux Françaises et une Allemande - qui devaient être jugées mercredi pour avoir manifesté seins nus à Tunis, ont vu leur procès reporté, a-t-on appris mercredi. Le délit dont elles sont accusées est passible de prison en Tunisie où même l'opposition anti-islamiste a vu d'un mauvais oeil l'action de ce mouvement et alors qu'une activiste ukrainienne du mouvement Femen a été interpellée par la police à Tunis puis expulsée du pays mardi.

Deux comparutions concomitantes. Amina Sbouï, une activiste tunisienne détenue depuis le 19 mai,était également entendue par un juge d'instruction mercredi. Ce dernier a engagé des poursuites contre elle pour atteinte à la pudeur et profanation de sépulture, après qu’elle a peint le mot "Femen" sur un muret proche d'un cimetière musulman de Kairouan pour dénoncer un rassemblement salafiste.

>> A regarder en vidéo :  A l'entraînement avec les Femen.

Deux affaires liées. Les deux cas sont en fait directement liés puisque c'est pour défendre Amina que les trois Femen européennes ont manifesté seins nus à Tunis le 29 mai. Elles risquent jusqu'à un an de prison. Elles ont d’ailleurs été placées en détention à la prison de la Manouba en banlieue de Tunis. Mais un de leurs avocats, Me Souheib Bahri, disait, mardi, avant le report du procès, "s’attendre une condamnation légère".

Elles assument. Il a ajouté que ses clientes assumaient leur geste destiné à attirer l'attention sur le sort d'Amina, qui avant même son arrestation avait reçu des menaces d'islamistes pour avoir publié en mars des clichés d'elle la poitrine dénudée sur internet. "Elles disent "nous avons fait cette action pour attirer l'attention de l'opinion publique internationale car Amina n'avait pas de soutien en Tunisie"", a-t-il expliqué.

Pas de soutien de l’opposition. Mais si le parti islamiste Ennahda, qui dirige le gouvernement, est régulièrement accusé par ses opposants d'orchestrer une islamisation rampante de la société, la manifestation seins nus face au palais de Justice de Tunis n'a pas recueilli l'adhésion des détracteurs du pouvoir, ni vraiment relancé le débat sur le droit des femmes.  Ainsi, si l'opposition laïque et les féministes considèrent largement qu'Amina ne mérite pas ses déboires judiciaires, rares sont ceux à voler au secours des militantes européennes.

Les Femen "aggravent" le cas d’Amina. "Ce qui arrive à Amina, cet acharnement n'est pas justifié, elle ne représente en aucun cas une menace pour la sécurité nationale (...) mais je ne comprends pas la réaction de Femen qui a aggravé la situation d'Amina", estime Nadia Chaabane, députée du parti laïc de centre-gauche al-Massar. "C'est de la provocation stérile et improductive. Ce fait divers nous détourne des problèmes les plus graves aujourd'hui : les problèmes socio-économiques, la rédaction de la Constitution, la violence etc. Franchement, les Femen, c'est le dernier combat pour lequel je m'engagerai", a-t-elle martelé.