Tunisie : 150 euros d'amende pour la Femen Amina

Amina est jugée jeudi à Kairouan, au centre de la Tunisie. © REUTERS
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La jeune Femen a été condamnée pour possession d’un spray lacrymogène.

L’INFO. Une nouvelle fois, la jeune fille tunisienne s'est retrouvée sur le devant de la scène. La Femen tunisienne Amina, 18 ans, a été jugée jeudi par un tribunal de Kairouan, au centre de la Tunisie, pour avoir été arrêtée en possession d’un spray lacrymogène. Elle est également sous le coup d’une enquête pour profanation d’un cimetière et passible de prison ferme selon son avocat.

Une amende et pas de libération. Le tribunal a décidé de la condamner jeudi à 300 dinars d'amende, environ 150 euros, pour le port illégal de cette grenade lacrymogène. Détenue depuis le 19 mai pour ces faits, elle ne sera cependant pas libérée étant donné que le juge d'instruction a ordonné un peu avant l'énoncé du verdict son maintien en détention en raison de nouvelles poursuites contre la jeune femme de 18 ans. En Tunisie, les jugements ne sont généralement pas annoncés en audience mais inscrits au greffe où les parties concernées peuvent les consulter.

Arrêtée le 19 mai dernier. Amina a été arrêtée à Kairouan, le 19 mai dernier, jour où le mouvement salafiste Ansa al-Charia voulait tenir un congrès, finalement interdit par le gouvernement. La jeune femme, qui avait fait scandale en mars pour des photos d’elle seins nus, apparaît sur une vidéo filmée par deux journalistes et mise en ligne par le site Nawaat. On peut y voir Amina, cheveux courts teints en blond et chemise à carreaux, prise à partie par des habitants criant "dégage", après avoir peint "FEMEN" sur un muret entourant le cimetière mitoyen de la grande mosquée. Elle est ensuite emmenée par des policiers.

Amina emmenée par les policiers (à 6'30) :

Au journaliste qui lui demande ensuite, dans le fourgon de police, si elle a été arrêtée, Amina répond : "non, ils sont juste là pour me protéger". L’arrestation officielle de la jeune femme n’aurait eu lieu que quelques heures plus tard, selon Nawaat. Depuis, elle est détenue dans la prison de Messadine.

Ce qui lui est reproché. Quand elle a été arrêtée, Amina avait sur elle un spray lacrymogène. Selon son avocat, l’accusation s’appuie sur un décret datant de 1894, à l’époque du protectorat français, qui prévoit des peines de six mois à cinq ans de prison pour détention d’engins incendiaires ou explosifs. Étant donné que la jeune militante n’était en possession que d’un spray d’autodéfense, elle ne risquerait que la condamnation minimale. Amina est aussi sous le coup d’une enquête pour profanation de cimetière, dans le cadre de laquelle elle n’a pas été mise en examen pour l’instant. Pour sa défense, une telle accusation ne tiendrait pas, car c’est un muret qu’elle a tagué, et pas une tombe.

© REUTERS

Un contexte tendu. Des dizaines d’habitants de Kairouan, rejoint par des salafistes djihadistes d'Ansar al-Charia, ont manifesté jeudi devant un tribunal entouré d’un cordon policier pour crier leur colère contre les Femen. Mercredi, trois militantes européennes, deux Françaises et une Allemande, ont été arrêtées après s’être dénudées devant le palais de Justice de Tunis. Un collectif d’avocats a dénoncé dans ce procès une "décision politique" prise pour "apaiser la tension et contenir la colère des habitants de Kairouan". Quant au père d’Amina, il s’est dit "fier" de sa fille : "elle commet des actes démesurés mais elle défend ses idées".