15 ans et demi de prison. Jugé pour la deuxième fois par contumace depuis sa chute, l'ex-président tunisien Ben Ali a été condamné lundi pour détention d'armes, de drogue et de pièces archéologiques. Le président déchu, en exil en Arabie Saoudite, a également été condamné à une amende de 108.000 dinars, soit environ 54.000 euros, dans cette affaire dite du "palais de Carthage".
Ce procès avait débuté lundi matin sur un coup de théâtre. Les avocats commis d'office du dictateur déchu s'étaient tout simplement retirés en raison du "non respect des droits de la défense". "Nous œuvrons pour ramener notre client devant la cour, nous allons rentrer en contact avec Zine el-Abidine Ben Ali et nous comptons aller le voir en Arabie Saoudite", avait plaidé à l'ouverture de l'audience Me Hosni Béji, en demandant au tribunal de reporter l'audience et d'"étudier le dossier avec sérieux".
"Ce procès est entaché d'irrégularités"
En vain. Le président du tribunal, Touahmi Hafi, avait rejeté la demande de report. Une décision intolérable pour Me Hosni Béjii. "Je suis amer. On a bien bossé. Notre retrait n'est pas un caprice d'avocats, ce procès est entaché d'irrégularités", a-t-il dit. Un autre de ses avocats, Akram Azouri, a dénoncé une "calomnie politique contre le président Ben Ali pour le dépeindre aux yeux de l'opinion publique comme un trafiquant de devises, de drogues et d'armes".
Pas de quoi interrompre le cours du procès donc. L'audience avait repris son cours normal devant une salle à moitié vidée et le juge a lu l'acte d'accusation contre l'ancien président. Le procureur a énuméré les pièces saisies dans le palais présidentiel, dans la banlieue de Tunis, après la fuite du président Ben Ali : des armes "dont rien ne prouve qu'elles ont été importées de manière légale", "soixante pièces archéologiques de l'époque romaine et punique d'une valeur inestimable".
"Drogue", écrit de la main de Ben Ali
Appelé à la barre, le chef de la brigade des stupéfiants a ouvert une valise contenant les deux kilos de résine de cannabis saisis, ainsi qu'une enveloppe à bulles sur laquelle est écrit "Drogue". Le mot a été écrit de la main du président déchu, a affirmé le juge.
Zine el-Abidine Ben Ali a déjà été condamné par contumace le 20 juin dernier à 35 ans de prison et 45 millions d'euros pour détournement de fonds.