Tunisie : de démissions en démissions

Le Premier ministre, Béji Caïd Essebsi, a succedé dimanche à Mohammed Ghannouchi © MaxPPP
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avec AFP , modifié à

Le gouvernement post-Ben Ali est fragilisé. Un Conseil constitutionnel devrait voir le jour.

La crise n’en finit plus en Tunisie. Un mois et demi après la chute de Ben Ali, le gouvernement de transition ne parvient toujours pas à trouver son rythme de croisière. Deux chefs de l'opposition ont jeté l’éponge mardi, contribuant ainsi à affaiblir davantage un gouvernement sous le feu des critiques et marqué par le départ dimanche de Mohammed Ghannouchi.

Ces démissions, non concertées, sont celles des ministres de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Ahmed Ibrahim, et du Développement régional et local Ahmed Néjib Chebbi. Le premier, chef du parti Ettajdid, ex-parti communiste, a indiqué avoir "la conviction qu'il pourrait mieux servir la révolution en étant en dehors du gouvernement". Le chef du Parti démocratique progressiste (PDP), Nejib Chebbi a quant à lui justifié sa décision par "l'hésitation" et le "flou qui ont marqué l'action du gouvernement de (Mohammed) Ghannouchi".

La Constitution bientôt amendée

Ces défections interviennent au lendemain de celles de Mohamed Nouri Jouini qui avait le portefeuille de la Planification et de la coopération internationale, et de Mohamed Afif Chelbi à l'Industrie et la technologie, tous deux membres du dernier gouvernement Ben Ali.

C’est dans ce contexte de valses des démissions que Béji Caïd Essebsi, le successeur de Mohammed Ghannouchi, devrait annoncer d’ici mercredi la création d'un Conseil constitutionnel chargé d'amender la Constitution avant la tenue d'élections.

Exit l'élection présidentielle

Le nouveau Premier ministre tunisien Béji "Caïd Essebsi m'a informé que le gouvernement a décidé de se plier au Conseil de la protection de la révolution. Il n'y aura pas d'élection présidentielle, mais celle d'une Assemblée constituante", a déclaré Mohamed Afif Chebbi, en annonçant sa démission.

Par ailleurs, le mouvement islamiste Ennahda, interdit sous l’ère Ben Ali, a été légalisé. "Nous avons attendu trente ans pour obtenir notre légalisation", a rappelé le porte-parole d'Ennahda, ajoutant que cette légalisation était "le résultat de la révolution" qui a poussé le 14 janvier à la fuite le président déchu Zine Ben Ali, et qu'elle venait "couronner les sacrifices des membres du mouvement"."Nous entrons dans une nouvelle phase de l'action nationale (...) pour contribuer à l'édification d'un régime démocratique" dans la Tunisie post-Ben Ali.