Des habitants de Sidi Bou Saïd, banlieue touristique de Tunis, ont conspué dimanche le ministre de l'Intérieur venu visiter un célèbre mausolée incendié la veille, la mouvance salafiste étant régulièrement accusée de s'attaquer à de tels sanctuaires. Quelque 150 habitants de ce village ont scandé "Dégage, Dégage" à l'adresse du ministre Ali Larayedh, figure du parti islamiste Ennahda qui dirige le gouvernement, selon un photographe de l'AFP.
Le ministre de l'Intérieur venait de dénoncer "un acte criminel", tout en dédouanant les forces de l'ordre qui, selon lui, n'ont pas pour mission de protéger ce type de mausolées, pourtant régulièrement pris pour cible lors d'attaques orchestrées par les salafistes. "C'est un acte criminel, mais ce n'est pas à la police de garder tous les mausolées, c'est aux gens en charge de ces mausolées de le faire", a-t-il déclaré, déclenchant la colère de la foule. Un policier a indiqué à l'AFP que le site avait été probablement visé par des cocktails molotov, mais qu'il n'y avait aucun témoin de l'attaque. De nombreux mausolées dédiés à des saints musulmans ont été incendiés ou saccagés ces derniers mois en Tunisie, des actes attribués aux salafistes, mouvance rigoriste radicale de l'islam sunnite qui considère comme impie d'honorer des saints.