L’INFO. Trois ans après la chute du président Ben Ali, la Tunisie va enfin pouvoir achever sa transition politique. Le pays est en passe d’adopter une nouvelle Constitution qui tourne le dos à la charia. Dans ce texte figurent notamment la liberté de conscience et l’égalité homme-femme.
>> L’envoyé spécial d’Europe 1 à Tunis a arpenté les couloirs de la Constituante tunisienne, où les députés examinent le projet de loi fondamentale. Et pendant que les élus votent dans l’hémicycle aux fauteuils verts, des femmes en blouse blanche font le ménage et la cuisine pour les députés.
Pour la plupart, elles ont à peine entendu parler des articles 20 et 45 consacrant l’égalité hommes-femmes et la parité. Sonia, qui travaille ici douze heures par jour et "sept jours sur sept", confie que tout cela est encore très lointain pour elle.
"Je travaille de manière permanente. Mon mari, ça dépend des jours, parfois il n’a pas de travail", explique-t-elle. Elle a "un prêt en cours" : "je suis en train de construire ma maison, c’est moi seule qui ait pris ce prêt, et ça, ça ne lui plaît pas trop !", confie-t-elle.
"Les lois seules ne suffisent pas". La nouvelle Constitution n’améliorera pas tout de suite le quotidien des Tunisiennes, concède Salma Baccar, députée progressiste. Mais depuis 60 ans, la Tunisie offre aux femmes des droits inédits dans le monde arabe, des acquis qu’il fallait graver dans le marbre. "Notre crainte, c’était que des choses changent, parce que les choses qui foirent aujourd’hui en Tunisie, ce sont les mentalités dans la rue", explique l’élue, pour qui "la Constitution et les lois seules ne suffisent pas".
Il faudra aussi éduquer et informer. Une tâche déjà entamée par la nouvelle génération de militantes, âgées d’une vingtaine d’années, qui hantent les coursives de l’Assemblée. Armées de tablettes numériques, elles comptent les absents, les présents et les votes, et mettent le tout sur Internet pour que ce moment historique soit accessible à tous et à toutes.