Le cœur de Tunis était de nouveau le théâtre dimanche d'un face à face tendu entre manifestants anti-gouvernementaux et forces de police au lendemain de l'imposition d'un couvre-feu. La police a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants mais ceux-ci revenaient sans cesse à la charge.
Vendredi et samedi, déjà, la police avait violemment dispersé des manifestants qui réclamaient la "démission" du gouvernement transitoire et "une nouvelle révolution". La jeunesse attend toujours les effets concrets de la révolution de Jasmin, qui a mis fin au régime de Ben Ali.
Or le Premier ministre tunisien par intérim, Beji Caïd Essebsi, a évoqué dimanche un éventuel report, pour des raisons techniques, des élections législatives prévues le 24 juillet. Ce scrutin est censé désigner une assemblée constituante chargée de rédiger une nouvelle Constitution dans l'optique de l'après-Ben Ali. Dans un entretien diffusé par la télévision nationale, le chef du gouvernement a indiqué que son équipe travaillait toujours pour que le scrutin ait lieu comme prévu.
Manifestation dispersée au gaz lacrymogène
Réunis sur les marches du théâtre municipal et sur les deux artères de l'avenue Habib Bourguiba dans le centre de Tunis, les manifestants qui étaient environ 200 ont entonné à plusieurs reprises l'hymne national.
Ils ont ensuite scandé des slogans hostiles à la police, les forces de l'ordre demandant au mégaphone aux manifestants "de rentrer chez eux" et "de s'éloigner de la voie publique". Une invitation à laquelle les manifestants ont répondu par "gouvernement dégage", "flics, bande de lâches".
Les forces de l'ordre ont procédé à des tirs de gaz lacrymogènes et les manifestants se sont dispersés dans les rues et ruelles adjacentes avant de revenir par petits groupes sur l'avenue.
Tunis à nouveau sous couvre-feu
Un couvre-feu nocturne a été décrété samedi à Tunis et dans sa banlieue pour après plusieurs jours de manifestations anti-gouvernementales.
Le couvre-feu s'applique de 21 heures à 05 heures, heure locale, pour une durée indéterminée. Les autorités ont justifié la mesure en affirmant que des pillages et violences s'étaient produits dans la capitale tunisienne et sa banlieue au cours des deux derniers jours.