Un jour seulement d'existence et déjà l'avenir s'assombrit. Au lendemain de la formation du gouvernement tunisien de transition, trois ministres appartenant à la centrale syndicale tunisienne UGTT ont démissionné du gouvernement, à la demande de leur organisation. Sont concernés : Houssine Dimassi, ministre de la Formation et de l'emploi, Abdeljelil Bédoui, ministre auprès du Premier ministre, et Anouar Ben Gueddour, secrétaire d'Etat auprès du ministre du Transport et de l'équipement.
"En signe de protestation"
Dans la foulée de ces trois premiers départs, c'est l'opposant Moustafa Ben Jaafar (du Forum démocratique pour le travail et les libertés, FDTL), nommé la veille ministre de la Santé, qui a suspendu sa participation. Il a pris cette décision "en signe de protestation contre (le maintien) d'éléments du parti au pouvoir", a confié un membre de sa formation, Hedi Redaoui. Un peu plus tard, le FDTL a carrément annoncé la suspension de sa participation dans le gouvernement.
A l'instar de plusieurs responsables d'opposition, de nombreuses voix s'élèvent en Tunisie pour protester contre la présence d'ancien membres du gouvernement du président déchu Ben Ali. Dans un communiqué diffusé mardi en milieu de journée, le parti Ettajdid, qui avait hérité du ministère de l'Education supérieure, a menacé de défection si les ministres issus du RCD ne quittaient pas l'ex-parti de Ben Ali, qui a fui son pays vendredi dernier et trouvé refuge en Arabie saoudite.
Le parti d'opposition a aussi demandé le gel des biens du RCD, "parce qu'ils appartiennent au peuple", ainsi que la dissolution de "toutes les cellules professionnelles du RCD", implantées dans la quasi-totalité des entreprises du pays.
Couper le lien avec Ben Ali
Face à une telle confusion, proche de la mutinerie, le sommet de l'exécutif n'a pas tardé à réagir par deux annonces d'importance. Le président tunisien par intérim, Foued Mebazaa et le Premier ministre, Mohammed Ghannouchi, ont ainsi démissionné du RCD en fin de journée, selon l'agence officielle tunisienne TAP.
Le RCD a par ailleurs annoncé avoir radié de ses rangs l'ancien président Ben Ali. Une décision symbolique, qui témoigne de la gravité de la situation.