"Il y a eu un certain nombre d’actes qui m’ont intrigué (…) Il y a ce chaos dans la rue, ce manque de sécurité, ces troubles sociaux, tout cela concourt à faire sentir aux citoyens qu’il y a un vide et que la sécurité ne peut se rétablir que grâce à l’intervention de la seule autorité qui reste dans le pays, l’armée". C’est ainsi qu'Ahmed Najib Chebbi, chef du parti PDP, devenu ministre du Développement régional, et donné gagnant de la prochaine présidentielle dans les sondages tunisiens, analyse la situation actuelle de la Tunisie.
Il a démissionné de son ministère mardi, et affirme, sur Europe 1, que le gouvernement "commence à vaciller".
"Une solution à l’égyptienne"
Selon lui, la tentation qu’a le gouvernement de laisser le soin d’assurer la sécurité à l’armée est contraire aux inspirations du mouvement démocratique tunisien, qui a mené au départ du président Ben Ali, le 14 janvier dernier. "C’est une solution à l’égyptienne, ça n’était pas notre programme, je préfère prendre mes distances", assure Ahmed Nejib Chebbi.
"Ce gouvernement représentait l’autorité de l’Etat, aujourd’hui il ne représente plus rien. Il s’est auto sabordé par faiblesse politique, tout cela commence à vaciller", s’alarme l’homme politique, qui était l’un des piliers du gouvernement post-Ben Ali.
De démission en démission
Alors que le monde a les yeux rivés sur la situation critique en Libye, la Tunisie a du mal à trouver la stabilité politique. La démission du gouvernement de Nejib Chebbi est la cinquième depuis le début de la semaine. Ces défections font suite à celle du Premier ministre Mohammed Ghannouchi, qui avait jeté l’éponge dimanche. Il avait aussitôt été remplacé par Béji Caïd Essebsi, un libéral qui avait servi sous Habib Bourguiba, président de 1957 à 1987.
Le pessimisme de Najid Chebbi n’est pas de bon augure, alors que le 17 mars prochain est une date-butoir : le président par intérim Foued Mebazaa a jusqu’à cette date pour organiser des élections. Or, on sait qu'il ne demandera pas sa reconduction, ce qui laisse présager un vide constitutionnel inquiétant pour la Tunisie.
Le nouveau Premier ministre doit annoncer mercredi la création d'un Conseil constitutionnel chargé d'amender la Constitution avant la tenue d'élections. Il pourrait alors ne pas y avoir d'élection présidentielle, mais celle d'une Assemblée constituante.