Le premier Conseil des ministres issu de la révolution du jasmin a débuté jeudi après-midi en Tunisie. Tous les ministres étaient présents hormis les cinq démissionnaires pour cette première réunion historique de l'ère post Ben Ali. Le gouvernement doit essentiellement y aborder la question de la séparation de l'Etat et du tout-puissant ancien parti au pouvoir qui contrôle l'administration. Il sera également question d’un projet de loi d'amnistie générale et surtout, il s'agira de de préparer dans un délai de six mois des élections présidentielle et législatives "libres et démocratiques".
Un peu plus tôt jeudi, le comité central du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), parti du président déchu Ben Ali, a été dissout. Une décision liée à la défection du parti par huit ministres RCD, juste avant le premier conseil des ministres. "Tous les ministres RCD du gouvernement ont démissionné du parti", a indiqué une source officielle sous couvert de l'anonymat. L'Agence tunisienne de presse (TAP), a quant à elle annoncé qu'ils avaient "démissionné de leurs responsabilités au sein du parti".
Les défections se multiplient
Ces coups de théâtre semblent indiquer une volonté d'apaiser la rue. Et un des huit ministres issus du RCD, Zouheir M'dhaffer, chargé du Développement administratif, a annoncé jeudi sa démission du gouvernement pour "préserver l'intérêt suprême de la nation et favoriser la transformation démocratique du pays". Cette cinquième démission vient s'ajouter à celle de quatre ministres (trois syndicalistes et un opposant), qui ont dénoncé l'emprise des technocrates du RCD au sein de l'équipe gouvernementale.
De nouvelles manifestations
Le président de transition, Foued Mebazaa, s'est engagé mercredi soir dans une allocution solennelle à la télévision d'Etat à "une rupture totale avec le passé" et à veiller à ce que le gouvernement de transition réponde "à toutes les aspirations légitimes de la révolution de la liberté et de la dignité" qui a mis fin à 23 ans de règne autoritaire et répressif du régime Ben Ali.
De nouvelles manifestations ont commencé dès la fin de la matinée pour exiger le bannissement pur et simple de l'ancien parti au pouvoir de la vie politique. A Tunis, un millier de personnes se sont postées devant le siège de l'ex-parti au pouvoir où des tirs de sommation ont éclaté pour dissuader des manifestants d'escalader le mur d'enceinte. Trois à quatre mille manifestants se sont également rassemblés à Gafsa, à 350 km au sud de la capitale, a déclaré un syndicaliste, Hedi Radaoui. Une autre manifestation a été signalée à Kef, à 180 km au sud-ouest de Tunis.