Les élections municipales avaient valeur de test pour le Premier ministre turc, englué dans plusieurs scandales.
L'info. Contesté par la rue et ses anciens alliés politiques, inquiété par la justice, le Premier ministre turc Recep Tayip Erdogan savait que les élections municipales organisées dimanche avaient valeur de test. Et il l'a passé avec succès puisque son parti, l'AKP, a largement survolé les scrutins avec 46% des suffrages, selon un décompte temporaire. Ce succès pourrait décider Recep Tayip Erdogan, 60 ans, à se présenter à l'élection présidentielle d'août prochain, disputée pour la première fois au suffrage universel direct.
Une victoire nette de l'AKP. Selon les résultats portant sur 40% des bulletins dépouillés, les candidats du Parti de la justice et du développement (AKP) recueillent dans le pays 46% des suffrages, contre 26% à ceux du principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP).
Si l'AKP faisait la course en tête dans la course à la mairie d'Istanbul, la plus grande ville du pays, le duel s'annonçait toutefois extrêmement serré dans la capitale Ankara, où les candidats du parti au pouvoir et de l'opposition ont tous les deux proclamé leur victoire et accusé leur rival de fraude. Selon les derniers chiffres partiels, l'AKP et le CHP se tenaient tous deux autour de 44%.
Les affaires n'ont pas eu raison du Premier ministre. Soupçons de corruption visant plusieurs cadres de l'administration et même le fils du Premier ministre, démissions de ministres, purge au sein de l'appareil de sécurité, censure d'Internet, guerre intestine entre le parti AKP et la confrérie de l'imam Fethullah Gülen : le contexte n'était pas favorable à Recep Tayip Erdogan.
"Ces chiffres montrent qu'Erdogan a survécu aux scandales sans trop de dommages", a commenté à l'AFP le politologue Mehmet Akif Okur, de l'université Gazi d'Ankara. "Les électeurs ont pensé que si Erdogan tombait, ils tomberaient avec lui", a-t-il poursuivi, "quelles que soient les accusations de corruption qui pèsent sur lui, ils ont soutenu Erdogan pour garder le statu qu'ils ont acquis sous son règne".
Pas de retour au calme pour autant. Malgré les appels au calme réitérés dimanche par le président Abdullah Gül, le scrutin de dimanche ne devrait pas mettre un terme à la crise politique, a fortiori si Recep Tayip Erdogan décide de se présenter à l'élection présidentielle. "Il va sûrement se présenter, ce qui va mettre en colère les libéraux, les 'gulénistes' et l'opposition laïque", a anticipé Soner Cagaptay, du Washington Institute, "Erdogan va devenir plus autoritaire et la Turquie se polariser, avec de risques d'émeutes".
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