La guerre des mots se poursuit. Alors que la Turquie accuse toujours la Syrie d'avoir commis un acte "hostile" après la destruction de l'un de ses avions de combat, la crainte d'une escalade de la crise entre les deux voisins n'est pas à exclure.
C'est dans ce contexte que le chef de la diplomatie turque a réclamé une réunion urgente de l'Otan de sur le sujet. Une demande acceptée par l'organisation militaire internationale qui se réunira donc mardi à Bruxelles.
"Une violation flagrante"
Ankara, qui accuse Damas d'avoir abattu l'avion vendredi sans avertissement dans l'espace aérien international, a remis une note de protestation officielle à la Syrie qui a maintenu avoir tiré sur l'appareil dans son espace aérien.
"L'avion militaire turc a violé l'espace syrien, les défenses aériennes syriennes ont riposté et (l'appareil) s'est abîmé à l'intérieur des eaux territoriales syriennes. Ce qui s'est passé est une violation flagrante de la souveraineté syrienne", a affirmé le porte-parole syrien des Affaires étrangères. La Syrie "ignorait" la nature de la cible abattue, a assuré Jihad Makdessi.
L'article 4 du traité fondateur
Lors de cette réunion, la Turquie fera une présentation de cet incident devant les 28 ambassadeurs des Etats membres de l'Otan. De son côté, la Syrie a mis en garde lundi Ankara et l'Otan contre d'éventuelles représailles.
La Turquie avait invoqué "l'article 4 du traité" fondateur de l’Alliance atlantique. Celui-ci prévoit que tout pays membres de l’Otan peut porter une question à l’attention du Conseil et en débattre avec les alliés lorsqu'il estime que son intégrité territoriale, son indépendance politique ou sa sécurité est menacée.
"Prendre pour cible un avion de cette façon, sans avertissement préalable, est un acte hostile au plus haut point", a affirmé le vice-Premier ministre turc et porte-parole du gouvernement Bülent Arinç à l'issue d'un conseil des ministres.
Tester la défense antiaérienne
Plusieurs pays occidentaux se sont mobilisés dans cette crise. La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton a promis de travailler avec Ankara sur une réaction appropriée face à cet acte "éhonté".
Selon des experts spécialisés russes cités par l'agence d'Etat Ria Novosti, le F-4 Phantom turc abattu testait la défense antiaérienne syrienne pour le compte de l'Otan et sa destruction a montré l'efficacité des systèmes russes dont est équipée la Syrie.
Des tirs syriens
Le vice-Premier ministre turc, Bülent Arinç a également assuré qu'un avion de sauvetage en mer turc avait essuyé des tirs syriens alors qu'il menait des recherches pour retrouver les pilotes du F-4 Phantom. "Notre état-major a appelé les autorités syriennes et ce harcèlement a immédiatement cessé", a-t-il précisé.
Il a également menacé d'interrompre les exportations d'électricité de la Turquie vers la Syrie en représailles, même si cela pourrait affecter la population civile. Des Syriens déjà très affectés par plus de 15 mois de violences déclenchées par la répression du régime.