Un homme se tient debout sur la place Taksim d'Istanbul. Muet, le regard fixe, il n'a pas bougé depuis des heures. Son action pacifique, sur une place interdite au rassemblement par les autorités turques, intrigue et fascine les centaines de personnes qui l'observent, lui, et la police.
Il est arrivé lundi soir à la nuit tombée et s'est planté au milieu de la place, à quelques dizaines de mètres du parc Gezi. Le parc, berceau de la contestation du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, est solidement gardé par des dizaines de policiers depuis l'opération coup de poing samedi soir des unités antiémeute qui l'ont vidé à coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau de ses milliers de manifestants.
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Cinq heures plus tard, l'homme est toujours là, les mains dans les poches, un sac et des bouteilles d'eau à ses pieds. Il fixe l'immense portrait du fondateur de la Turquie moderne, Mustafa Kemal Atatürk, accroché au sommet de l'ancien centre culturel. La nouvelle de son action s'est propagée à grande vitesse sur les réseaux sociaux. Elle porte un nom sur Twitter, #Duranadam", "l'homme à l'arrêt". Des centaines de personnes ont afflué.
Appel à tous les européens: Le combat des citoyens turcs est le meme combat des citoyens européens. Restez debouts par solidarité #duranadam— duran M. S. D. (@MuratDevres) June 18, 2013
L'auteur de cette action inédite à Istanbul, qui vise à contourner l'interdiction de manifester tout en occupant la place Taksim après le coup dur porté par l'évacuation du parc Gezi, s'appelle Erdem Gunduz. Ce chorégraphe stambouliote est aidé par ses amis qui empêchent les centaines de personnes présentes de s'approcher de lui et le ravitaillent en eau.
"Nous voulons le protéger de toute provocation. Il faut qu'il soit seul au milieu de la place, sinon la police prétextera un rassemblement pour disperser tout le monde", dit Asma, une jeune femme turque qui tente de repousser la foule sur le bas côté.