L’INFO. Ils étaient responsables militaires, politiciens et universitaires. 275 Turcs ont été jugés lundi, dans le cadre de l'affaire Ergenekon, un complot présumé en vue de renverser le gouvernement. L'ancien chef d'état major des armées, Iker Basbug, a écopé d'une peine de prison à perpétuité. La justice a en outre ordonné la libération de 21 prévenus.
D'anciens généraux condamnés. Outre Iker Basbug, d'anciens généraux de l'armée ont été condamnés à la perpétuité. Hursit Tolon, ancien chef de la première armée, figure lui aussi parmi les condamnés pour "tentative de renversement de l'ordre constitutionnel par la force".
Une affaire symbolique. L'affaire Ergenekon, dont la procédure a duré cinq ans, est un symbole de la lutte entre le gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan et les élites laïques du pays. L'affaire a débuté en 2007 avec la découverte d'une cache d'armes dans Istanbul.
Le réseau Ergenekon. Selon les procureurs, les accusés appartenaient à un réseau criminel clandestin ultranationaliste impliqué dans des assassinats et des attentats à la bombe. Leur objectif, selon l'accusation, était de renverser le gouvernement Erdogan en provoquant un coup d’État militaire.
Museler les tenants de la laïcité. Avant le procès, les partisans des accusés se sont élevés contre une "instrumentalisation politique" de la justice et ont dénoncé des charges inventées de toutes pièces afin de museler les tenants de la laïcité. "Ceci est le procès d'Erdogan, son théâtre", a déclaré le député d'opposition Umut Oran, membre du Parti républicain du peuple. "Au XXIe siècle, dans un pays qui aspire à devenir membre de l'Union européenne, ce procès à l'évidence politique n'a aucun fondement juridique", a-t-il ajouté.
Erdogan s'est défendu de toute intervention dans la procédure judiciaire, mettant en avant l'indépendance de la justice. Mais il a cependant émis des critiques sur la manière dont les procureurs menaient la procédure et s'est dit troublé par la longueur de la détention provisoire des accusés.
Manifestants et lacrymogènes. A l'approche du verdict, les autorités ont interdit tout rassemblement près du tribunal. Les forces de sécurité déployées en nombre autour du tribunal de Silivri, à l'ouest d'Istanbul, ont eu recours lundi à des grenades lacrymogènes pour repousser des manifestants venus exprimer leur soutien aux accusés. Lundi matin, une centaine de manifestants se tenaient à proximité des lieux, dont l'accès est défendu par des blocs de ciment et du fil de fer barbelé.
"Un jour viendra où l'AKP (le parti de la Justice et du Développement d'Erdogan, NDLR) paiera", ont scandé des manifestants face à plusieurs centaines de policiers des forces anti-émeutes, qui ont eu recours aux gaz lacrymogènes.