Une fois de plus, la question grecque a semé le trouble dans la zone euro. Lundi soir, les dirigeants européens sont parvenus à s’entendre sur un nouveau pacte budgétaire. Mais l’accord n’a été signé que par 25 pays sur 27. Et la question de la dette grecque, qui devrait être réglée avant la fin de la semaine, a bien failli faire capoter les négociations. En cause : la proposition allemande de placer les finances d’Athènes sous tutelle européenne, c’est-à-dire de donner un commissaire européen pour gérer les comptes de la Grèce.
L’idée a été aussitôt rejetée par les participants. "A l’évidence, on ne peut pas mettre un pays sous tutelle comme cela et le gérer de l’extérieur", a ainsi protesté Nicolas Sarkozy, arguant que "ce ne serait pas raisonnable, pas démocratique et pas efficace". La Grèce non plus ne veut pas de cette proposition. Georges Papandréou, ex-Premier ministre, a jugé que cette mise sous tutelle risquait de "saper la démocratie dans l’Europe entière".
Merkel prudente
La chancelière Angela Merkel s’est voulue rassurante et, prudente, a dit souhaiter non pas un "débat polémique, mais une discussion qui aboutisse à un succès". Pour elle, la question d’une mise sous tutelle de la Grèce "se pose" et il faut se demander "comment l’Europe peut aider à ce qu’en Grèce les tâches qui ont été données soient effectuées".
A la fin du sommet, le Premier ministre grec, Lucas Papademos, a rencontré un représentant de la Banque centrale européenne. Leur objectif est de finaliser un accord dans les jours qui viennent, afin notamment de montrer que la zone euro est solide, malgré les tensions.
Car d’autres sujets ont compliqué les discussions lundi à Bruxelles. Au dernier moment, la République tchèque a annoncé qu’elle refusait, comme la Grande-Bretagne, d’adopter l’accord. Prague a invoqué des problèmes "constitutionnels". En clair, des difficultés à faire ratifier le texte, du fait du risque de devoir convoquer un référendum.
Bras de fer entre la France et la Pologne
Mais c’est en réalité une question annexe qui a bloqué les négociations, celle du format des sommets de la zone euro. La France et la Pologne se sont livrées à un véritable bras de fer sur le sujet, Paris tenant à ce que les 17 membres de la zone euro puissent se retrouver seuls pour discuter de certains sujets. Varsovie estimait de son côté que tous les pays appelés à rejoindre l’euro devaient être invités.
Le désaccord était tel qu’il a nécessité l’intervention de la chancelière allemande, raconte le journaliste de l’AFP Christian Spillmann sur son compte Twitter. "Angela Merkel joue la médiatrice entre Nicolas Sarkozy et Donald Tusk [le Premier ministre polonais, NDLR] pour éviter clash à propos participations réunions". Un compromis a finalement été trouvé : les sommets de la zone euro seront limités aux 17 membres, mais sur certains sujets, des pays n’en faisant pas partie pourront aussi participer.