Il est désavoué jusque dans son propre camp. Todd Akin, l'élu républicain qui a provoqué un scandale en affirmant qu'une femme victime d'un "véritable viol" tombait rarement enceinte, est désormais sommé par son parti de retirer sa candidature au Sénat. Mais Todd Akin, actuellement représentant du Missouri, n'entend pas céder aux pressions et reste candidat à l'élection de novembre.
Le candidat à la Maison-Blanche, Mitt Romney, est pourtant monté au créneau en personne contre lui mardi après-midi, jugeant ses déclarations "offensantes et erronées". "Aujourd'hui, les habitants du Missouri lui conseillent de se retirer, et je pense qu'il devrait suivre leur avis", a-t-il asséné dans un communiqué.
Romney embarrassé
Pour Mitt Romney, cette affaire est très embarrassante : depuis des mois, le candidat, peu populaire auprès des femmes, ne ménage pas ses efforts pour que la campagne reste sur le terrain strictement économique, note le New York Times. En déclarant, dimanche, que "la grossesse après un viol est très rare" et que "s'il s'agit d'un véritable viol, le corps de la femme essaie par tous les moyens de bloquer tout ça", Todd Akin a au contraire mis la question de l'avortement au cœur du débat.
L'élu a une nouvelle fois présenté des excuses mardi, dans un clip télévisé, admettant que "le viol peut conduire une femme à être enceinte". Il avait jusqu'à mardi pour annoncer son retrait de la course au Sénat, mais il a refusé catégoriquement de jeter l'éponge.
Les excuses de Todd Akin en vidéo :
Le parti lui coupe les vivres
L'élu ultraconservateur devrait donc se présenter dans le Missouri face à la sénatrice démocrate sortante, Claire McCaskill. En novembre, les Etats-Unis doivent renouveler un tiers de leur Sénat, et la totalité des élus de la Chambre des représentants.
Or, cette polémique pourrait bien coûter son siège à Todd Akin. Et donc empêcher le parti républicain de récupérer la majorité à la chambre haute. En guise de protestation, ce dernier a commencé à couper les vivres à l'élu du Missouri, lui refusant quelque 5 millions de dollars de fonds de campagne.
Pas de désaccord sur le fond
Comme le souligne John Avlon, éditorialiste pour CNN, pour le parti républicain, le problème est purement politique, mais sur le fond, il n'y a pas de désaccord fondamental : "le problème est moins dans ce qu'Akin a dit que dans la façon dont il l'a dit", souligne le journaliste.
A moins d'une semaine de la grande convention républicaine de Tampa, en Floride, où Mitt Romney doit être intronisé officiellement candidat, le parti vient d'adopter un programme électoral complet, selon le Los Angeles Times. Parmi les points validés figure l'interdiction de l'avortement, sans la moindre exception pour les cas de viols.