C’est une première victoire pour le web. Le Sénat américain a décidé de reporter le vote prévu mardi sur les très controversées lois antipiratage Sopa et Pipa, qui ont provoqué une levée de boucliers sans précédent de la part de géants du web tels que Wikipedia et Google. "Il n’y a pas de raison que les problèmes légitimes soulevés par de nombreuses personnes au sujet de ce projet de loi ne soient pas résolus", a indiqué vendredi Harry Reid, chef de la majorité démocrate du Sénat, sur son compte Twitter.
Les deux lois ne sont pas pour autant enterrées. Harry Reid a en effet ajouté que "la contrefaçon et la piraterie coûtent à l’économie américaine des milliards de dollars et des milliers d’emplois chaque année". Et que le Congrès américain doit "agir pour faire cesser ces pratiques illégales". La loi Pipa ("Protect intellectual property act") est actuellement étudiée par le Sénat, tandis que son pendant, la loi Sopa ("Stop online piracy act") est à l’étude à la chambre des représentants.
Certains retournent leur veste
Le républicain Lamar Smith, représentant du Texas, à l’origine de la loi Sopa, a aussitôt réagi vendredi. D’après le Washington Post, il a affirmé qu’il fallait "revoir notre approche de la meilleure façon de régler le problème des étrangers qui pillent et revendent les produits et les inventions américains". L’examen des lois est donc reporté "jusqu’à ce qu’un accord plus large soit trouvé" sur la question, rapporte le Los Angeles Times.
Le blackout de nombreux sites américains, largement relayé par les médias, a poussé certains élus à retourner leur veste. Le Washington Post cite ainsi le sénateur républicain de Floride, Marco Rubio, qui a fait partie des tout premiers défenseurs de la loi Pipa. Mais, voyant que le mouvement de protestation d’Internet commençait à prendre de l’importance, il a annoncé, comme d’autres membres du Congrès, qu’il ne soutenait plus le projet de loi.
La Maison Blanche a elle aussi pris ses distances par rapport aux deux projets de loi, le porte-parole de la présidence défendant ainsi mercredi une lutte contre le piratage qui "ne vienne pas empiéter sur l’accès ouvert et gratuit à Internet".