L’escalade. C'est un climat glacial qui rappelle celui de la guerre froide. La tension entre la Russie et les États-Unis est montée d’un cran pendant le week-end, après la publication de la "liste Magnitski" par Washington. Depuis des mois, les deux pays s’affrontent sur ce dossier, qui trouve son origine dans la mort suspecte en prison, dans son pays, d’un avocat russe, héraut de la lutte contre la corruption, en 2009.
> 3'CHRONO : L'affaire qui fâche la Russie et les États-Unis
Acte I : la liste noire américaine. Vendredi, les États-Unis ont placé sur liste noire 18 personnes, en majorité des fonctionnaires russes, pour leur rôle présumé dans la mort de Sergueï Magnitski, cet avocat torturé en prison en 2009. Un décès qualifié de "tragédie" par le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney, pour qui l’enquête russe "n’a donné aucun résultat tangible". En décembre, les États-Unis ont adopté une loi prévoyant des sanctions économiques à l'encontre des personnes impliquées dans la mort de Sergueï Magnitski. Sur les 18 personnes placées sur la liste publiée samedi, 16 sont des procureurs, enquêteurs ou inspecteurs du fisc impliqués dans la mort de Sergueï Magnitski. Les deux autres sont pointés du doigt pour leur rôle dans la mort d’un ancien garde du corps du président tchétchène, Kadyrov, et dans le meurtre d’un journaliste, Paul Klebnikov, note le quotidien britannique The Guardian. Ces 18 Russes sont sanctionnés par le département du Trésor américain : leurs avoirs détenus dans le pays sont gelés. Quant aux Américains qui se risqueraient à commercer avec eux, ils s’exposeront à des sanctions pénales. Ces 18 personnes n’ont pas le droit d’entrer sur le territoire américain.
Acte II : la riposte russe. Moscou a riposté dès le lendemain, avec une liste de… 18 Américains interdits d’entrée sur le territoire russe. Le ministère russe des Affaires étrangères s’est montré ferme dans un communiqué, assurant : "la guerre des listes ne relève pas de notre choix, mais nous ne pouvons pas ignorer un vrai chantage". Sur la liste russe figurent notamment d’anciens responsables de la prison de Guantanamo et des Américains accusés d’avoir violé les droits des Russes à l’étranger, dont sept impliqués dans la condamnation du marchand d’armes Viktor Bout. Un ancien responsable du département américain de la Justice, John Yoo, est par ailleurs cité pour avoir écrit des mémos autorisant des techniques d’interrogatoire musclées.
Acte III : un conseiller d’Obama à Moscou. Tom Donilon, un conseiller de Barack Obama, s’est rendu lundi à Moscou. "Ce n’est pas au meilleur moment qu’il vient chez nous", a souligné Alexeï Pouchkov, chef du comité pour les relations internationales à la Douma. Tom Donilon, qui est le plus haut responsable américain à se rendre en Russie depuis l’investiture de Barack Obama en janvier, a été reçu lundi par Vladimir Poutine. Il lui a transmis un message, dont le contenu n’a pas été révélé. Seul commentaire : l’échange a été "très positif". Mais il faudra peut-être plus que la visite d’un conseiller pour apaiser les tensions entre Washington et Moscou.