L’escalade de la violence en Ukraine a franchi une nouvelle étape jeudi avec au moins 60 morts à Kiev, selon l'opposition. Trois ministres européens se sont rendus sur place pour tenter de trouver une solution diplomatique à la crise, mais pour l’opposant russe Garry Kasparov, l’origine des affrontements est à chercher du côté de Moscou et il doute de la volonté des Européens de s’opposer à Vladimir Poutine. "Poutine est un dictateur et si vous ne voulez pas le reconnaître, vous essayez simplement de vous tromper vous-même", assure au micro d’Europe 1 l’ancien champion d’échecs.
L’Europe est "sourde et aveugle". "Quand on voit les choses qui se produisent en Ukraine, c'est le résultat de politiques ineptes, pas suffisamment fortes pour empêcher ces massacres et la montée de la dictature", accuse Garry Kasparov. Selon lui, "l'Europe, en tant que telle, et les USA aussi, ont avec leur attitude convaincu Poutine qu'il pouvait aller aussi loin qu'il voulait ou pouvait pour tordre le bras de l'Ukraine", se désole l’opposant.
Ianoukovitch, un pantin russe. La fronde de Garry Kasparov a commencé par un tweet dans lequel il écrit que "Ianoukovitch est trop pathétique pour ordonner tant de brutalité sans un ordre de Moscou".
Yanukovych is too pathetic to order such brutality without direction from Moscow. They waited for Sochi distraction while West dithered.— Garry Kasparov (@Kasparov63) 19 Février 2014
Le stratège des échecs rappelle que l’Ukraine est totalement dépendante économiquement de la Russie et que "Ianoukovitch est coincé entre le marteau et l'enclume" car il ne peut pas "couper toutes les relations avec l'Europe, du fait que tous les oligarques sont connectés, reliés aux institutions européennes". Mais "sans aucun doute, Ianoukovitch veut rester au pouvoir. S'il veut le faire, il doit être très fidèle à Poutine", conclut tristement Garry Kasparov au micro d’Europe 1.
Garry Kasparov, ancien champion du monde d’échecs, et auteur de "Poutine : des jeux et des geôles" (Ed. de L’Herne)
INFOGRAPHIE - Maidan, place rouge de sang
QUESTION - Des sanctions européennes, oui, mais lesquelles ?
EN IMAGES - Ukraine : scènes de guerre à Kiev