L’info. Ce n’est qu’une étape, mais elle est importante pour Kiev dans l’optique de remettre la main sur l’ensemble du territoire ukrainien. Après d’intenses combats, les forces loyalistes ont repris l’aéroport de Lougansk lundi. Un point stratégique regagné à un moment symbolique. La veille, Moscou avait fait monter la pression, en menaçant le gouvernement en place de représailles aux "conséquences irrémédiables" après qu’un obus tiré depuis le côté ukrainien a tué une personne côté russe.
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"L'état-major de l'opération antiterroriste a rapporté au président Petro Porochenko que les militaires ukrainiens sont arrivés, après des combats, à l'aéroport de Lougansk", a annoncé la présidence dans la nuit de dimanche à lundi.
Un point-clé du conflit. Endommagé et fermé depuis plusieurs semaines, l'aéroport de Lougansk était contrôlé par les loyalistes, mais rendu quasiment inaccessible par la présence de forces séparatistes tout autour. Il apparaissait comme l'un des points importants des défenses des insurgés sur le chemin de Lougansk.
Dimanche soir, le "ministre de la Défense" des rebelles, Igor Strelkov, a affirmé à l'agence publique russe Ria Novosti que d'"intenses combats" étaient en cours à la périphérie de Lougansk où les forces ukrainiennes ont, selon lui, déployé des dizaines de chars. Des combats continuaient lundi matin, a rapporté le service de presse de la "République populaire de Lougansk" autoproclamée, touchant les villages de Mettalist (au nord), Olexandrivka (à l'ouest), Gueorguiivka et Raskochna (sud-ouest) ainsi qu'à l'aéroport (sud), ce qui reflète la manœuvre d'encerclement effectuée par les forces de Kiev. Selon la même source, les forces séparatistes ont attaqué des colonnes de l'armée ukrainienne du côté de l'aéroport et de Gueorguiivka.
Des morts et des blessés à déplorer chez les civils. La mairie de Lougansk a précisé de son côté lundi matin que les échanges de tirs avaient fait trois morts et quatorze blessés parmi la population civile au cours des dernières 24 heures. Dans la journée, un avion de transport de l'armée loyaliste ukrainienne a été abattu par les pro-russes. Pendant ce temps, la recherche d'une solution politique semble au point mort. La rencontre du président russe Vladimir Poutine avec la chancelière allemande Angela Merkel à Rio, en marge de la finale du Mondial, n'a abouti qu'à la répétition de leurs souhaits: des "discussions directes dès que possible" entre Kiev et les séparatistes pour parvenir à un cessez-le-feu bilatéral.
La réalisation de ces souhaits se heurte depuis plusieurs jours à l'exigence de l'Ukraine de reprendre au préalable le contrôle de sa frontière avec la Russie, exigence que les rebelles et Moscou rejettent implicitement mais fermement.
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Le dialogue est devenu encore plus difficile dimanche après l’incident frontalier entre l'Ukraine et la Russie. Accusant les forces de Kiev d'être à l'origine d'un tir d'obus qui a fait un mort du côté russe de la frontière, Moscou a évoqué une "escalade extrêmement dangereuse" et menacé l'Ukraine de "conséquences irréversibles".
Vers des frappes ciblées russes ? Le journal russe Kommersant, citant une source proche du Kremlin, a traduit lundi matin ces "conséquences" par des "frappes ciblées" que la Russie pourrait mener ponctuellement sur le territoire ukrainien, contre les endroits d'où, selon elle, étaient partis les tirs contre son territoire. Kiev a démenti tout rôle dans cet incident, indiquant que "les militaires ukrainiens n'ont jamais tiré sur le territoire de l'État voisin.
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Le chemin vers un compromis politique restant pour le moment introuvable, le dialogue de sourds fait de récriminations mutuelles risque de continuer, alors que les canons poursuivent le leur sur le terrain. Le président Porochenko a appelé dimanche le Conseil européen à condamner le comportement de la Russie, qu'il a accusée d'introduire illégalement dans son pays du "matériel militaire lourd" et d'"attaquer les positions des soldats ukrainiens". Lors d'un entretien téléphonique avec le président sortant du Conseil européen Herman Van Rompuy, il lui a demandé d'inscrire la question ukrainienne à l'ordre du jour du prochain Conseil européen du 16 juillet.