L'INFO. L'incertitude règne toujours autour du sort de l'Ukraine. Ce week-end, le président Ianoukovitch a proposé des postes clés du gouvernement aux leaders de l'opposition. Mais ils n'ont toujours pas dit clairement s'ils acceptaient ces propositions. En attendant, les manifestants continuent la lutte. Dimanche soir, ils ont même investi le ministère de la Justice. Pour tenter d'enrayer le mouvement, le chef de l’État joue l'apaisement. Du moins en surface.
Les manifestants font, eux, état de près de 60 disparitions dans leurs rangs depuis le début de la contestation. Et pour eux, le coupable est tout trouvé : ils accusent les Titushki, une milice payée par l’État pour enlever les manifestants trop radicaux.
>> A Kiev, Europe 1 a tenté d'en savoir un peu plus sur cette milice
"Ils nous provoquent, puis s'évaporent". Mikhaïl ne quitte jamais sa barre de fer. Posté à l'entrée de la place de l'Indépendance il monte la garde près d'une barricade. Il guette ces Titushki qu'il a appris à repérer. "Ils ont des vêtements beaucoup plus légers que les nôtres, même à -20°. Ils ont aussi une apparence très athlétique, ils se déplacent en petit nombre : 5 ou 6 personnes en général", décrit-il pour Europe1. "On les reconnaît tout de suite. Ils nous provoquent, tentent de nous emmener avec eux. Et puis ils s'évaporent", poursuit ce manifestant.
>> Pour se protéger, les manifestants se barricadent et se dissimulent :
"Ils m'ont entraîné en foret". Igor dit avoir eu affaire à eux. Il m'a reçu sur son lit d'hôpital, d'où il soigne une jambe cassée, des dents en moins et un corps couvert de bleus. "Ils étaient 8 ou 10. Ils m'ont entraîné en foret, mis à genoux, les mains attachés dans le dos", raconte-t-il. "Ils m'ont posé des questions et frappé avec des bâtons. Ensuite ils m'ont traîné dans une sorte de garage. Ils m'ont torturé avec des objets en fer. Tout ça a duré une dizaine d'heures et puis ils m'ont abandonné en forêt", se rappelle-t-il.
Tout est fait pour dissuader les manifestants d'aller près de leurs barricades. Même les forces de police traditionnelles cherchent à faire des exemples. En milieu de semaine, un manifestant arrêté a même été exhibé tout nu, en public, dans la neige, par moins 17°.
Reportage en Ukraine sur Titushki (2)par Europe1fr>> L'INFO - Les manifestants prennent le contrôle du ministère de la Justice
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