L’INFO. La police a tenté de déloger les manifestants installés au cœur de Kiev mercredi matin. Mais les opposants au gouvernement de Viktor Ianoukovitch ont marqué des points en les forçant à refluer après un bras de fer à l'aube.
L'ESSENTIEL
• La police a lancé l'assaut mercredi matin très tôt, avant de renoncer.
• Les manifestants sont toujours sur la place de l'Indépendance.
• L'UE a "condamné" les violences par la voix de Catherine Ashton.
• Les Etats-Unis envisagent d'éventuelles sanctions contre Kiev.
LA JOURNÉE DE MERCREDI
Des sanctions de Washington ? Jennifer Psaki, la porte-parole de la diplomatie américaine, a indiqué mercredi soir que Washington réfléchissait à l'éventualité de sanctions contre Kiev. "Je ne vais pas rentrer dans les détails [mais] nous envisageons certaines options politiques - bien évidemment aucune décision n'a été prise - et les sanctions en font partie", a-t-elle déclaré.
La promesse de Ianoukovitch. Dans la soirée, le président Viktor Ianoukovitch, que les manifestants voudraient voir déguerpir, a promis de ne "jamais recourir à la force contre des manifestants pacifiques". "Pour parvenir à un compromis, j'appelle l'opposition à ne pas rejeter [des pourparlers], à ne pas suivre la voie de la confrontation et des ultimatums", a-t-il ajouté.
"Nous l'avons fait !". Après avoir tenté à l'aube de déloger les milliers de manifestants installés place de l'Indépendance, au cœur de Kiev, la police a finalement renoncé. "Nous l'avons fait !", a ensuite lancé à la foule l'un des leaders de l'opposition, Oleg Tiagnybok. Quant à Vitali Klitschko, boxeur devenu politicien, il a assuré : "le pouvoir a peur des Ukrainiens". Les manifestants ont reçu la visite d'une hôte de marque, celle de Victoria Nuland, la secrétaire d’État adjointe américaine, arrivée mardi à Kiev.
Les forces anti-émeutes renoncent. Peu avant 2 heures du matin, les policiers, réunis par centaines aux extrémités de la zone, avaient commencé à repousser les manifestants à l'aide de leurs boucliers. Accueillis par des chants et des prières, ils ont finalement renoncé et se sont retirés de la place, dont ils avaient occupé environ un tiers avant d'être bloqués par l'afflux de milliers de manifestants. Des tentes des manifestants ont toutefois été démontées et l'assaut, qui s'est déroulé en grande partie dans le calme, a fait plusieurs blessés, dont un député d'opposition. Plusieurs autres ont été arrêtés.
Les policiers étaient là pour "déblayer les voies publiques". Les forces de l'ordre assuraient s'appuyer sue une décision de justice. Mais un peu plus tard, le Premier ministre, Mykola Azarov, a affirmé que ces opérations policières n'étaient destinées en fait qu'au "déblaiement des voies publiques enneigées".
La "condamnation" de l'UE. Catherine Ashton, la représentante de la diplomatie européenne, qui se trouve mardi à Kiev, a "condamné l'usage de la force et la violence - qui ne peuvent pas être la réponse aux manifestations pacifiques" et appelé "à la plus grande retenue". "Dans les prochaines heures, je tenterai d'explorer toutes les voies possibles pour s'assurer qu'une véritable solution pacifique est encore possible", ajoute-t-elle.
#Ashton: "In the next hours I will try to explore all possible ways to assure that a genuine peaceful solution is still in reach" #Ukraine— EU External Action (@eu_eeas) December 11, 2013
De son côté, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, "récuse tout usage de la force". Il devait recevoir à la mi-journée l'opposant et champion de boxe Vitali Klitschko, mais la rencontre a été reportée.
Le "dégoût" des États-Unis. Dans une réaction très vive, le secrétaire d’État américain John Kerry a exprimé son "dégoût", face à une décision "ni acceptable ni bonne pour la démocratie". "La vie humaine doit être respectée. Les autorités ukrainiennes portent l'entière responsabilité de la sécurité du peuple ukrainien", a averti le chef de la diplomatie américaine. Quant à la secrétaire d’État adjointe, Victoria Nulad, elle a jugé "totalement inadmissible" l'intervention policière et appelé l'Ukraine à "sauver son avenir européen".
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