L'ESSENTIEL
• Un cessez-le feu sera appliqué dans l'est de l'Ukraine à partir du 15 février.
• Les armes lourdes seront retirées du front.
• L'intégrité territoriale de l'Ukraine sera respectée.
Ce qui fait consensus
La nuit fut longue et les discussions animées, mais le résultat est là. Un accord a bien été trouvé entre les représentants russe, ukrainien, séparatistes et européens jeudi, au sommet de Minsk. Un accord partiel sur un cessez-le-feu qui s'appliquera à partir du 15 février dans l'est de l'Ukraine. La nouvelle est tombée après dix-sept heures d'âpres négociations, dix mois et plus de 5.500 morts après le début du conflit. Outre le cessez-le-feu, les diplomates ont aussi entériné le retrait des armes lourdes du front et le "respect de 'l'intégrité territoriale de l'Ukraine". Dans la foulée, François Hollande a confirmé "un règlement politique global", ajoutant que l'issue du sommet permettait d'entretenir "un espoir sérieux" de résoudre le conflit, et ce même si "tout n'était pas encore accompli".
Ce qui bloque encore
Si le cessez-le-feu fut long à se dessiner, il ne masque pas les nombreux points de désaccord qui restent encore à résoudre pour espérer arriver à un dénouement de la crise ukrainienne. Peu avant l'annonce d'un prochain cessez-le-feu, le président ukrainien Petro Porochenko a déclaré que la Russie posait encore "certaines conditions" qu'il juge "inacceptables" et les séparatistes refusaient encore de signer l'accord. La cause du désaccord ? Ils réclament le retrait de l'armée ukrainienne de Debaltseve, ville stratégique située entre Louhansk et Donetsk.
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A quoi pourrait servir cet accord ?
Le premier objectif de ce sommet est clair : il s'agit de mettre fin aux combats qui font toujours rage dans l'est ukrainien. Les dirigeants russes et ukrainiens (mais pas les séparatistes), avaient déjà signé un cessez-le-feu à Minsk en septembre dernier, mais il n'avait pas été respecté. Les diplomates espèrent que celui-ci sera suivi d'effets. Une analyse partagée par Thomas Gomart, directeur du développement stratégique de l'Ifri invité sur Europe 1 jeudi matin. "En diplomatie, les choses ne sont jamais gravées dans le marbre, il faut évidemment souhaiter arriver à un accord aujourd'hui, mais tout ne se décidera pas à Minsk."
Le chercheur rappelle que "les discussions portent bel et bien sur un cessez-le-feu, et pas sur un accord de paix". Il se réjouit néanmoins de la tenue de ce sommet qui "traduit une volonté diplomatique de trouver une solution". Cependant, le chercheur nuance son propos en ajoutant que "l'essentiel sera de voir comment l'accord sera mis en oeuvre par les belligérants" et "comment la situation évoluera politiquement".
Le récit des négociations
• La nuit blanche
Le sommet de Minsk a eu tout d'un marathon. Les dirigeants présents au Palais de l'Indépendance à Minsk sont sur place depuis mercredi. Dès l'après-midi, tantôt entourés par leurs conseillers, tantôt seuls, les chefs d'Etat et de l'exécutif ont discuté pied à pied le document élaboré depuis plusieurs jours par leurs diplomates. "Tous bâillent, mais continuent de discuter", confiait dans la nuit une source diplomatique alors qu'un journaliste a pu entrapercevoir une discussion très "animée" entre Poutine et son homologue ukrainien Porochenko.
.. #Ukraine talks last longer ..than some journalists .. #Minskpic.twitter.com/guQUu6KpC2— lyse doucet (@bbclysedoucet) 11 Février 2015
• Le rebondissement matinal
Vers 8 heures heure française, on croyait pourtant les discussions achevées après une nuit blanche faite d'intenses palabres. Mais après être sorti le premier de la salle de négociations, Vladimir Poutine a eu un aparté avec les dirigeants séparatistes, avant de poser de nouvelles conditions à l'Ukraine et aux Européens. Les protagonistes du sommet se sont finalement enfermés de nouveau dans une autre pièce, où ils ont repris le dialogue, poursuivis par une cohorte de journalistes surpris par ce rebondissement.
• Le dénouement
Vers 10 heures heure française, Vladimir Poutine a donc affirmé qu'un cessez-le-feu serait appliqué dans l'est de l'Ukraine à partir du 15 février. Une déclaration appuyée dans la foulée par l'ensemble des protagonistes de cette nuit agitée.
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