Ukraine : campagne "en chocolat" pour un vote crucial

La campagne pour la présidentielle en Ukraine n'a pas déchaîné les passions. © REUTERS
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et Walid Berrissoul , modifié à
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A trois jours du scrutin, l’Ukraine se prépare sans ferveur à choisir son nouveau président. 

Dans les rues de Kiev, pas d’affiches sur les murs ou de tracts qui jonchent le sol. La campagne pour la présidentielle ukrainienne ne déchaîne pas les passions, loin de là. Dimanche, Petro Porochenko, le milliardaire pro-occidental, a toutes les chances de l’emporter. Seule inconnue : le déroulement du scrutin dans l’est de l’Ukraine, en partie contrôlé par les séparatistes pro-russes dans les régions de Donetsk et de Lougansk. 

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Le "paradoxe" Porochenko. Petro Porochenko, surnommé "le roi du chocolat" car il doit sa fortune aux chocolats Roshen, est donc donné grand favori. Cet homme de 48 ans disposerait de plus de 20 points d’avance sur Ioulia Timochenko, l’ancienne égérie de la révolution orange de 2004, qui a raté son retour en politique. Pour Raphaël Glucksmann, fondateur de l’ONG "centre pour une démocratie européenne", la victoire annoncé de l’oligarque chocolatier est un "paradoxe" : "la révolution de Maïdan était une révolution anti-oligarchique et ils vont finir par élire… un oligarque", souligne-t-il au micro d’Europe 1. 

A Kiev, "le choix est déjà fait". Dans la capitale, point de départ de l’insurrection qui a conduit à la destitution de l'ancien président Viktor Ianoukovitch, l’ambiance n’est pas à la ferveur électorale. Sur le Maïdan, haut-lieu de la révolution, quelques uns suivent du coin de l’œil un débat politique, retransmis sur un écran de télévision.

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Aucun des candidats n’a tenu meeting sur la grande scène de la place. Les passants assurent qu’ils n’ont pas besoin de cela pour aller voter. "La plupart des gens ici ont déjà fait leur choix", explique un habitant. "Ce vote, c’est pour savoir si on est avec l’Union européenne ou si on repart dans l’Union soviétique. On n’a pas besoin de faire d’agitation autour de tout ça", confirme un autre. 

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Mais le silence des candidats n’entame pas la motivation des électeurs, à l’image de Dasha, qui raconte à Europe 1 avoir fait la queue pendant près de six heures pour s’inscrire sur les listes électorales. "Les gens veulent voter, ils y croient. Même s’il n’y a pas beaucoup de candidats crédibles, on espère bien que le futur président élu peut prévenir la guerre qui n’est pas loin", assure-t-elle.

Dans l’Est, la violence ne faiblit pas. Dans tout le pays, 55.000 policiers et 20.000 volontaires ont été déployés pour assurer le bon déroulement du scrutin. C’est surtout dans l’est de l’Ukraine que la situation est préoccupante. "Les deux millions d’électeurs dans ces régions vont-ils pouvoir voter tranquillement, sereinement, librement ? Probablement pas", dénonce Raphaël Glucksmann, rappelant qu’il existe "une très forte majorité des Ukrainiens de l’est, russophones, qui sont attachés à l’intégrité territoriale, à l’unité de l’Ukraine". Sur le terrain, la violence ne faiblit pas : l’armée ukrainienne a essuyé jeudi ses plus lourdes pertes depuis le début de l’opération dans la région, avec la mort de quatorze soldats, attaqués par les séparatistes.  

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