Le port de Marioupol est un théâtre de la guerre. Alors, sur les bords de la mer d’Azov, en Ukraine, certains des habitants de cette ville se préparent à prendre les armes pour défendre la cité contre les pro-russes, qui intensifient leur pression.
Pour leur formation de néo-combattants, les élèves se répartissent en petits groupes. Ici, l’atelier kalachnikov, pour apprendre à tirer à l’AK-47. Là, c’est le lance-grenades qu’on observe sous toutes ses coutures, pour comprendre comment il fonctionne. "Heu, j’ai une question", dit l’un des habitants qui assiste au cours. "Je dois enlever le bouchon avant de tirer ou ça s’enlève tout seul ?" Le formateur lui explique le B.A.-ba : "C’est automatique. Tu enlèves juste la sécurité, tu vises et tu tires." Un point, c’est tout.
>> LIRE AUSSI - La Russie pas vraiment inquiète de la suspension des contrats Mistral
Générations. A 70 ans, Ievgueni passe 10 bonnes minutes à comprendre comment fonctionne un lance-roquettes. Il faut dire que son expérience de soldat date un peu : "J’ai servi dans l’armée soviétique il y a 40 ans." Mais aujourd’hui, il veut être prêt à retourner au combat : "Je ne veux pas fuir, je veux protéger mes petits-enfants" quand les forces pro-russes s’attaqueront à la ville.
Ievgueni, un des vétérans, passe l’arme au jeune Daniul, 17 ans. Comme les autres, le jeune homme se prépare à défendre sa ville. "Il n’y a pas de temps à perdre, ils peuvent attaquer à tout moment", plaide-t-il.
Alors il s’entraîne. Non pas pour le front, mais pour une guérilla urbaine, dans les rues de la ville stratégique, à quelques kilomètres de la frontière avec la Russie. "Si Poutine envoie son armée ici, on sera prêt à la combattre dans la rue", dit Daniul, qui fustige "ceux qui s’enfuient", des "lâches". "Ce ne sont pas des patriotes".
>> LIRE AUSSI - Ukraine : dissolution et élections anticipées en octobre
L’extrême-droite prend le flambeau. Sur le T-shirt de ses instructeurs, les symboles laissent peu de place au doute. C’est bien une milice d’extrême-droite qui s’est chargée de former les habitants à tenir tête aux pro-russes. L’un d’eux donne une explication : "Ce sont toujours les nationalistes et les patriotes qui se soulèvent pour protéger leur patrie." Pour lui, "les politiciens, les libéraux, c’est la décadence. Ils ne font que parler sans jamais prendre les armes".
A Marioupol, l’armée régulière traverse la ville par colonnes entières, vers l’Ouest, s’éloignant de la frontière russe. Des rotations tout à fait habituelles, selon les autorités.