L’INFO. La France s’était jusqu’à présent contenté de condamner en bonne et dûe forme les dérapages du régime de Viktor Ianoukovitch. Désormais, exit la timidité française. François Hollande et Angela Merkel ont adopté une position commune sur l’Ukraine, lors du conseil des ministres franco-allemand mercredi. Après les répressions qui ont fait au moins 26 morts à Kiev, les deux dirigeants vont pousser en faveur de sanctions de l’Union européenne lors du sommet de jeudi.
Sous l’impulsion allemande, le but est de convaincre les vingt-six autres membres de l’UE d’adopter des mesures pour sanctionner l’usage de la force en Ukraine. Pour François Hollande, elles doivent être ciblées, spécifiques et graduelles. Les Vingt-Huit peuvent s’inspirer des mesures renforcées en 2012 contre la Biélorussie. Mais la marge de manœuvre est limitée.
Le gel des avoirs. La première option évoquée est aussi économique que personnelle. Il s’agirait de geler les fonds de dirigeants ukrainiens, d’oligarques, de responsables de la police ou encore de magistrats, comme c’est le cas pour la Biélorussie. Selon Daniel Cohn-Bendit, les puissants ukrainiens ont beaucoup d’argent sur des comptes en Union européenne. Cette option permet d’épargner la population, qui n’aurait ainsi pas à souffrir de mesures de rétorsion dirigées directement contre l’appareil d’Etat.
L'interdiction de voyager pour des dirigeants. Le symbole serait fort. Interdire aux dirigeants ukrainiens de mettre le pied sur le sol de l’Union européenne. La sanction peut se prendre à différents niveaux, explique Marion Gaillard à Europe 1. "Il pourrait s’agir de mettre fin aux voyages officiels des dirigeants ou bien de leur interdire de pénétrer dans les frontières européennes", explique la spécialiste des questions européennes à Sciences Po. Mais la dernière solution pourrait poser problème, car depuis 2013, les citoyens ukrainiens n’ont plus besoin de visas pour les voyages courts en Union européenne. Comment, alors, contrôler réellement les allées et venues de chacun, sans rétablir les visas et risquer de sanctionner en même temps la population ukrainienne ?
La fin des accords de coopération. La sanction la plus évidente qui pourrait être prise serait de mettre fin aux accords de coopération entre l’Ukraine et l’Union européenne. Mais Kiev a grillé la politesse à Bruxelles : en novembre, Viktor Ianoukovitch a claqué la porte des négociations avec les Vingt-Huit. L’Union n’a plus vraiment de moyens de pression sur les accords commerciaux avec l’Ukraine, qui partage son commerce extérieur à parts égales entre l’UE et la Russie.
La fin des relations diplomatiques. Ce serait la sanction la plus dure, mais aussi la plus improbable. L’unanimité ne sera sûrement pas évidente à atteindre pour les autres sanctions. Pour celle-ci, cela semble impossible. L’Ukraine ne fait peut-être pas partie du pré carré de la politique étrangère française, mais elle est un voisin important pour la Pologne et la Roumanie, par exemple. L’Allemagne s’intéresse également de près aux événements qui s’y déroulent. Couper les ponts avec Kiev serait l’assurance de la fin du commerce avec ces pays. Mais aussi une vie quotidienne bien plus complexe pour la diaspora ukrainienne. A titre d’exemple, environ 40.000 Ukrainiens sont installés en Allemagne, sans compter les ressortissants habitants en Pologne ou en Slovaquie. L’Union européenne continue à discuter avec la Biélorussie, qui emprisonne ses opposants à tour de bras. Il faudra plus que la violente répression de ces derniers jours pour briser le dialogue.
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BIS REPETITA - Ukraine : Pourquoi ça recommence ?